Pourquoi la visite prévue de Sergueï Lavrov au Maroc n’est que protocolaire
Par Kamel M. – Si les relations entre la Russie et le Maroc, deux pays que tout éloigne, n’ont jamais été intenses, les autorités russes sont de moins en moins enclines à tenter de les renforcer. Et pour cause. Le régime monarchique de Rabat ne fait pas partie des amis de Moscou qui sait que le Maroc est à l’Algérie, son allié historique, ce que l’Ukraine est à la Russie qui n’a pas du tout apprécié la réaction impulsive du Makhzen suite à l’accueil d’une délégation sahraouie par les dirigeants russes, ce qui a poussé les autorités marocaines à suspendre les vols en même temps que ses «exportations» vers ce pays. Réaction ironique de la Russie : «Nous achèterons nos mandarines ailleurs !» Allusion à l’insignifiance des importations à partir du Maroc qui se limitent à quelques produits alimentaires et qui ne représentent aucun enjeu stratégique.
Les diplomates russes en poste à Rabat se plaignent de ce que les autorités marocaines subordonnent la discussion de tout dossier à la reconnaissance de la marocanité du Sahara. Une attitude qui a fini par agacer Moscou qui y voit un chantage permanent inacceptable. Le fossé ne cesse de se creuser entre notre voisin de l’Ouest et ce grand pays ami qui suit avec une grande inquiétude les développements actuels dans la région, lesquels menacent directement la sécurité et l’intégrité territoriales de l’Algérie que Sergueï Lavrov a intégrées dans son agenda puisqu’il s’y rend pour y échanger avec son homologue algérien, Ramtane Lamamra, sur les questions libyenne, malienne et syrienne, à quelques mois du Sommet de la Ligue arabe prévu à Alger
Aussi bien au Mali qu’en Libye la présence russe incommode la France qui tente de convaincre l’Algérie de l’aider à s’y maintenir en l’intégrant dans une task force qui serait commandée à partir de Paris. Ce que l’Algérie non seulement rejette catégoriquement, mais œuvre à empêcher en rejetant toute ingérence française dans la région et en lui préférant une coopération diplomatique avec des pays qui ne nourrissent aucune visée expansionniste en Afrique. Il en est ainsi de la Russie et de la Chine qui s’emploient à réduire l’influence française dans le continent tout en travaillant à nouer des partenariats d’égal à égal avec des pays africains, de plus en plus conscients de la nécessité de s’affranchir de la tutelle de l’ancienne puissance coloniale. Les nouvelles autorités maliennes ont, d’ailleurs, clairement signifié à Macron leur volonté de voir les troupes françaises déployées dans le pays dans le cadre de la très controversée opération Barkhane quitter le Mali au plus tôt.
Les Russes qui sont exaspérés par les dérives de la diplomatie marocaine ne sont pas les seuls à exprimer leur irritation face à la pression constante de Rabat. L’Espagne, l’Allemagne et la majorité des Etats européens refusent de s’inscrire dans la démarche du Maroc qui cherche à arracher vaille que vaille leur soutien à la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental. Mohammed VI, qui croit avoir gagné l’«amitié» de l’entité sioniste, ignore qu’à terme il perdra sur tous les fronts et abdiquera son royaume à Israël, qui aura infiltré tous les rouages de l’Etat avec la complicité d’une influente et sournoise cinquième colonne cornaquée par son maître à penser, André Azoulay.
K. M.
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