Cimetière musulman profané : le silence complice des médias et des politiques
Par Houari A. – Pas un mot dans les médias français dominants sur la profanation d’un cimetière musulman à Mulhouse, dans le nord-est de la France. Il ne fait pas bon s’attaquer à l’extrême-droite par les temps qui courent, la chasse aux voix de cette obédience raciste et xénophobe de plus en plus influente battant son plein. Encouragés par l’absence de cohésion entre les dirigeants du culte musulman, les partisans de la «remigration» adoubés par un Eric Zemmour au faîte de sa «gloire», au point de reléguer la dynastie Le Pen à laquelle il a ravi la vedette par son discours convulsif et déchaîné, se sentent désormais couverts par une sorte d’immunité qui augure une multiplication des agressions contre les musulmans durant les quatre mois à venir, qui précèdent la présidentielle en 2022.
Seul contre tous, le président de l’Observatoire contre l’islamophobie, le Franco-Algérien Abdallah Zekri, se bat contre cette montée rarement égalée de la haine antimusulmane, mettant en garde contre les conséquences désastreuses que la complicité d’une certaine classe politique et des médias pourraient avoir sur le vivre-ensemble en France. Dans un récent communiqué parvenu à notre rédaction, le délégué général du Conseil français du culte musulman a appelé les musulmans à faire preuve de patience et à ne pas répondre aux provocations car, a-t-il assuré, «Eric Zemmour et ses clones feront pschitt» à la prochaine échéance électorale. Pour lui, le candidat favori de l’extrême-droite à la fonction suprême est un épiphénomène qui retombera très tôt dans l’oubli dès avril prochain, lorsque, a-t-il souhaité, Emmanuel Macron aura été réélu et que les extrémistes de tout bord seront, encore une fois, boutés hors de l’Elysée.
«Les Français doivent tirer les leçons […] avant que l’extrême-droite qu’incarne ce néophyte de la politique, mais tellement excellent dans la démagogie la plus calamiteuse, gonfle les rangs de ses prétendants, désormais nombreux, qui rivalisent de turpitude et d’infamie dans leur chasse aux voix dans le camp des identitaires adeptes de la claustration et du rejet de l’autre», a mis en garde le président de la mosquée de la Paix à Nîmes, dans le sud de la France. Appelant à une «insurrection intellectuelle contre l’extrême-droite et ceux qui l’incarnent, Abdallah Zekri a, dans une interview à Algeriepatriotique, dit sa crainte de voir la campagne pour la présidentielle de 2022 «trouver dans la flagellation des musulmans une sorte de courte-échelle qui, espèrent les candidats à l’Elysée, leur permettra de gagner des voix sur le dos de millions de Français et de binationaux qui seront ainsi accusés d’être la cause de toutes les crises que vit la France et dont les facteurs sont pourtant nombreux et ne concernent en rien cette frange de la société qui en est, à vrai dire, la première victime».
«Cette récupération politicienne du sujet de l’immigration, stigmatisée, montrée du doigt, accusée de tous les maux, au lieu d’opposer des voix concordantes qui vont toutes dans le sens de la défense de l’islam que nous épousons, celui du juste milieu et de la tolérance, on s’offre en spectacle devant ces millions de Français que nous représentons et qui se font étriller chaque jour que Dieu fait dans les médias, sans que nous puissions être ce bouclier qui les prémunit des complots qui s’ourdissent dans les laboratoires capitonnés de l’extrême-droite et, depuis un certain temps, de la droite également», a-t-il déploré.
H. A.
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