Zemmour : cet immigré ingrat dont les parents n’ont rien apporté à la France
Par Ramdane Ahemouth – Nos compatriotes binationaux sont concernés au premier chef commenterons les élections présidentielles françaises d’avril prochain. Parce qu’ils sont électeurs, donc en droit de choisir leur président ; dans l’idéal, le moins mauvais. Les résidents légalement installés ne sont pas en reste car ils sont, eux aussi, de façon directe ciblés – les sans-papiers n’en parlons pas – par une bonne partie de la classe politique française. Une classe politique en quête perpétuelle de boucs émissaires aux maux qui frappent la France, les Algériens occupant la pole position dans la surenchère des discours stigmatisant l’immigration et les étrangers hors Union européenne.
Nous avons décrypté – et nous ne sommes pas les seuls – les non-dits et les sous-entendus du chantre du National-racisme français. Quand Eric Zemmour déploie en effet tout son talent de «terro-ricien» (mot-valise composé de terroriste et théoricien) du «Grand Remplacement», théorie xénophobe selon laquelle s’est opéré un processus de substitution des Français de souche par une population immigrée venue principalement d’Afrique subsaharienne et du Maghreb, quand il évoque jusqu’au haut-le-cœur ce concept, devenu grâce à CNews le néo «Chant des partisans» de l’extrême droite, le polémiste donc – qui restera toute sa vie polémiste – vise l’Algérie et les Algériens. Pourquoi cela ? La réponse est simple : on ne sort pas indemne de quatre siècles d’histoire coloniale, a expliqué avec une grande rigueur intellectuelle l’historien Pascal Blanchard.
Cela dit, Eric Zemmour, qui a construit son «offre politique» sur le déclin de la France, peut ne pas être dans l’erreur. A bien y réfléchir, il a même raison de parler de grand remplacement et du déclin de la France. Non pas parce que cette dernière eût été envahie par l’immigration qui a fourni une main-d’œuvre bon marché et corvéable pour pallier l’absence de l’engagement de millions de Français dans les «sales boulots», mais parce qu’elle est passée du siècle des Lumières à l’ère de l’ultracrépidarianisme ; a vu succéder aux hommes d’Etat : Georges Clemenceau, Aristide Briand, Léon Blum, De Gaulle des politicards de pacotille et non moins révulsants : Eric Zemmour, Jean Messiha, M’jid El-Guerrab ou Eric Ciotti.
Oui, la France est remplacée et a, surtout, décliné. De la grandeur au déclin, il n’y a eu que quelques décennies au cours desquelles des hommes venus d’ailleurs ont défendu, libéré puis reconstruit la France. Cette France que le chef de file autoproclamé de la «Reconquista», à laquelle ses parents n’ont rien apporté de tangible, veut désormais s’approprier.
Quelle ingratitude !
R. A.
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