Le Covid-19 et Eric Zemmour sont les deux sauveurs du mandat de Macron
Par Ramdane Ahemouth – A cent jours du premier tour de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron garde toujours un capital sympathie auprès des Français. Ils sont 44% à avoir une bonne opinion du chef de l’Etat. Un pourcentage d’opinion favorable bien supérieur à celui de ses prédécesseurs, François Hollande et Nicolas Sarkozy, les deux Présidents les plus impopulaires de la Ve République, à la même période de leur quinquennat. On sait pourquoi.
Cela dit, et selon de nombreux observateurs, l’estime que les Français témoignent à leur Président n’est pas du tout, étrillent ses détracteurs, le fruit d’un bilan reluisant. Les griefs ne manquent pas. Cela va des couacs du début de mandat à l’affaire du vigile qui a fait vaciller la République, en passant par la crise des Gilets jaunes, laquelle a failli faire revivre l’épisode de la fuite à Varennes, avec comme corollaire la prise de l’Elysée par un peuple en colère.
A cela s’ajoutent, entre autres récriminations, une dette abyssale ; une violence inouïe à l’endroit des mêmes Gilets jaunes ; la tentation de reculer l’âge de départ à la retraite ; la baisse des indemnités chômage ; la raréfaction des financements des communes et, plus douloureux encore, la fermeture des lits d’hôpitaux accompagnée de licenciements des personnels soignants en pleine pandémie. La liste est longue.
Pourtant, grâce à deux sauveurs : le virus et Eric Zemmour, le farouche défenseur des chrétiens qui n’a jamais mis les pieds dans une paroisse, Emmanuel Macron, a toutes les chances de son côté pour briguer un second mandat, avec l’aisance d’un candidat neuf, délivré du fardeau des promesses non tenues, la dernière en date l’engagement à faire du vaccin contre le Covid-19 un bien public mondial accessible à tous.
D’abord, grâce donc au Covid. Puisque la lutte contre la pandémie a fait naître chez les Français le sentiment que leur Président les a protégés bien mieux que ne l’auront fait ses homologues occidentaux. Et que l’opposition n’a, de toutes les façons, pas su et pu faire mieux parce qu’elle n’a pas, au fil de la crise sanitaire meurtrière, proposé quelque initiative de nature à juguler la pandémie.
D’autre part, la candidature du plus Français des immigrés, comme son nom ne l’indique pas, est arrivée à point nommé. Elle a surtout permis de diviser l’extrême droite. Une aubaine en or offerte à Emmanuel Macron, qui n’a eu de cesse de démanteler les bords politiques. La gauche et la droite en furent ses premières victimes.
Il y a déjà belle lurette, depuis décembre 2020, date précisément de sortie de la loi «contre les séparatismes et l’islam radical», que Macron a compris que plus le débat s’extrémise, devient hystérique et centré sur l’immigration et l’islam, plus il élargit le champ de ses partisans plus modérés, et mieux il s’assure ainsi sa réélection en 2022.
Prophétie autoréalisatrice ou uchronie, nous verrons bien.
R. A.
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