Foreign Policy : «Nasser Bourita est un bureaucrate au curriculum vitae maigre»
Par Kamel M. – «Historiquement et en raison de sa situation géographique, l’une des forces du Maroc a toujours été sa capacité à naviguer dans les courants fluctuants de la diplomatie internationale. Au milieu des tensions avec ses alliés et de l’agression croissante avec ses ennemis, y compris l’escalade de la violence avec l’Algérie et le Front Polisario, le Maroc court le risque de sombrer dans l’isolement et l’hostilité. Avec son approche agressive de la diplomatie, le Maroc fait très peu pour éloigner la région d’un avenir sombre de conflits et d’instabilité», lit-on dans une analyse de Foreign Policy.
Le magazine américain édité par The Washington Post rappelle, à ce propos, que «les Etats-Unis ne sont pas le seul pays avec lequel le Maroc a subi des pertes diplomatiques récentes». «Depuis un an, les gros titres brossent un tableau inquiétant d’une diplomatie marocaine en déclin. Cela a laissé le pays relativement isolé, même parmi ses alliés traditionnels», souligne l’auteure de l’article, qui précise que «le fil conducteur de tous ces conflits a été la détérioration du corps diplomatique autrefois dynamique du Maroc à la suite de la nomination de Nasser Bourita, un jeune bureaucrate au curriculum vitae relativement maigre, au poste de ministre des Affaires étrangères du Maroc en 2017». «Au cours de son mandat, le Maroc n’a jamais été aussi éloigné de ses voisins et alliés», insiste Foreign Policy, selon lequel «il existe un consensus général parmi les diplomates anciens et actuels que l’état de la diplomatie marocaine a atteint son point le plus bas depuis l’indépendance».
«Désormais, les intérêts marocains risquent de perdre le soutien de leur allié le plus ancien et le plus puissant : les Etats-Unis», précise le magazine, qui rappelle que le Sénat américain a introduit des «changements importants» dans les conditions liées aux crédits dédiés au régime de Rabat, lesquelles ne considèrent pas les territoires sahraouis libérés comme faisant partie du Maroc. «En outre, le National Defense Authorization Act, qui couvre les crédits destinés à l’armée américaine, limite l’utilisation des fonds pour tout exercice militaire avec le Maroc», poursuit Foreign Policy qui n’exclut pas la mise à l’écart de l’armée marocaine des exercices militaires annuels de l’African Lion, «le plus grand exercice du Commandement américain pour l’Afrique».
«La reconnaissance par Trump de la souveraineté marocaine sape dangereusement des décennies de politique américaine soigneusement élaborée», déplore le magazine américain, qui reprend les propos Christopher Ross, qui affirmait récemment que «le Maroc agit en toute impunité», en estimant que le régime monarchique de Rabat «est la principale raison pour laquelle aucun progrès n’a été réalisé» dans le dossier sahraoui. Sur le plan interne, le bilan de Foreign Policy est sans appel. Selon le média spécialisé, les perspectives au Maroc «sont encore plus sombres lorsqu’elles sont placées aux côtés d’indicateurs nationaux récents» qui révèlent un taux de chômage «qui a atteint son plus haut niveau depuis 2001», des droits de l’Homme et une liberté d’expression qui «se détériorent».
K. M.
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