Un mandat en péril
Par Mrizek Sahraoui – Une année jour pour jour après l’assaut donné sur le naos de la démocratie américaine, et près d’une année aussi après que Joe Biden a accédé à la tête de la Maison-Blanche, le bilan est plutôt mitigé, si l’on en juge par rapport aux actions accomplies jusqu’ici. Si les conditions dans lesquelles s’est déroulée son investiture furent tumultueuses, la suite semble se dérouler sans grands changements, un an d’exercice du pouvoir sans vagues en quelque sorte.
Le 46e Président des Etats-Unis ne peut pas se targuer d’avoir un bilan des plus coruscants. D’ailleurs, sa cote de popularité a même chuté par rapport à l’entame du quadriennat. Des résultats en demi-teinte critiqués même dans son propre camp qui ne laisse guère de doute sur la suite du mandat dans un contexte pandémique qui connaît un nouveau souffle.
En interne d’abord. En effet, lors même que sur le plan économique Joe Biden a réussi, au printemps dernier, à mettre en œuvre un gigantesque plan de relance de 1900 milliards de dollars au profit d’une économie obérée par une crise du Covid sans précédent, à faire voter sans grandes difficultés son projet de loi sur les infrastructures d’un montant de 1 200 milliards de dollars ; en revanche, côté cohésion nationale, la déchirure est plus que jamais béante, avec une Amérique plus que jamais fracturée, et des Américains refusant de fumer le calumet de la paix.
Deux chiffres : encore aujourd’hui, 73% des républicains considèrent que l’élection de Joe Biden n’est rien d’autre que le fruit d’une fraude électorale. Et seuls 22% parmi les mêmes républicains estiment Donald Trump responsable de la prise d’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021, par ses fans en furie. L’ombre de l’olibrius plane toujours sur le pays de l’Oncle Sam, et l’emprise qu’il exerce sur le parti et une grande partie de ses compatriotes toujours en vigueur.
Sur le plan international, il n’y a pas de quoi pavoiser non plus. L’Afghanistan revit son histoire faite de chaos après que l’armée américaine a déserté le pays désormais aux mains des talibans. Les relations avec la Russie, ou la Chine, sont au poids mort, tendues, situation exacerbée à la suite de sanctions économiques inutiles et provocations répétées des alliés occidentaux.
Si le sommet de Glasgow de la COP 26 a entériné le retour des Etats-Unis à l’accord de Paris, concrètement rien n’a évolué du point de vue de la promesse d’engagement de l’administration Biden dans la lutte contre le réchauffement climatique. Sur le volet du nucléaire iranien, l’accord de Vienne n’est ni totalement ressuscité ni définitivement enterré. Il demeure au stade de rencontres diplomatiques sans réelle et décisive détermination à conclure.
La question est de savoir si l’on ne s’achemine pas doucement, mais sûrement, vers un mandat en péril et même pour rien…
M. S.
Comment (8)