La Syrie absente au Sommet d’Alger : la conseillère d’Al-Assad donne la raison
Par Mohamed K. – «Comment la Syrie pourrait-elle participer au Sommet de la Ligue arabe tout en en étant suspendue ?» a interrogé la conseillère du président syrien, Luna Al-Shibl, à partir de Moscou où se trouve actuellement une délégation syrienne de haut rang. «Dans les faits, la Syrie n’a jamais quitté la Ligue arabe, son statut de membre a été suspendu suite à une décision aberrante et contraire à la Charte qui régit cette institution. Aussi, une fois que cette suspension injuste sera levée et cette faute rectifiée, la Syrie reprendra sa place au sein de la Ligue de façon spontanée», a-t-elle expliqué dans un entretien à la chaîne russe Russia Today, en faisant savoir que «jusqu’à présent, nous n’avons reçu aucune information sur la volonté de corriger cette erreur commise par la Ligue arabe».
Auparavant, le chef de la diplomatie syrienne, Fayçal Al-Mokdad, avait affirmé que «le processus de réintégration de la Ligue arabe ne fait pas partie des priorités de la Syrie», confirmant ainsi le statu quo dans ce dossier qui sera discuté lors de la rencontre d’Alger prévue dans quelques semaines. Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, avait eu des entretiens avec son homologue syrien en septembre dernier, en marge de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations unies à New York sur la situation dans le Moyen-Orient et les perspectives de relance de l’action arabe commune».
Interrogée sur la Turquie, la conseillère de Bachar Al-Assad a accusé le régime d’Ankara de soutenir, de financer et d’implanter des groupes terroristes dans le nord de la Syrie. Au sujet d’Israël et de la normalisation de certains pays arabes avec l’entité sioniste, Luna Al-Shibl a expliqué que Damas comprenait que des pays arabes subissent des pressions et soient obligés de rallier le camp américano-israélien, mais a précisé que la position de la Syrie demeurait inchangée et qu’aucun rétablissement des relations n’était possible avec l’Etat hébreu tant qu’il continue d’occuper le Golan et la Palestine.
La conseillère du président syrien n’a pas manqué de relever l’importance de l’aide russe et iranienne dans la lutte contre les groupes terroristes et leur apport dans la reconstruction future de la Syrie qui vit, a-t-elle admis, une situation économique et sociale délicate en raison des sanctions imposées par l’Occident.
Le Sommet de la Ligue arabe qui se tient à Alger devrait être celui du retour de ce pays de l’ancien Front du refus, détruit dans le sillage des soulèvements de janvier 2011 instigués par le Qatar, la Turquie, la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis et qui ont conduit à des guerres civiles désastreuses en Libye, au Yémen et en Syrie. Le message de la proche collaboratrice de Bachar Al-Assad est clair, et la récente visite du ministre émirati des Affaires étrangères à Damas est un signe qui ne trompe pas sur le retour progressif de la Syrie, en dépit du rejet du régime de Doha, de plus en plus isolé dans ce dossier qui chemine vers la fin d’une guerre qui aura duré dix ans et qui aura vu le président Al-Assad en sortir plus renforcé que jamais, confirmant l’échec cuisant du plan baptisé «printemps arabe» par les officines secrètes de la CIA.
M. K.
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