Un reportage controversé de M6 désigne les musulmans à la vindicte populaire
De Paris, Ramdane Ahemouth – Après la généralité, où l’islam et l’Arabe ont fait l’objet d’attaques inouïes et tout aussi abjectes, voici venue l’heure de la stigmatisation directe et totalement assumée de certaines villes de France. Une indexation qui profite largement aux racistes de tous bords. De la droite dite républicaine aux tenants zélotes de l’extrême droite raciste et xénophobe qui se frottent les mains, convaincus d’avoir eu raison bien avant tout le monde. Eric Zemmour, le désormais petit père des racistes, l’a dit dans Le Figaro qui lui ouvre ses colonnes pour l’occasion. Il a ainsi titré sa chronique, «L’Afghanistan à deux pas de Paris».
Tout est parti d’un document diffusé dans l’émission «Zone interdite» sur M6 dimanche dernier. Une enquête sur les milieux islamistes qui gagnent du terrain dans certaines villes de France réputées pour leur forte concentration en populations d’origine immigrées et de confession musulmane : Roubaix, Lyon, Marseille pour ne citer que celles-ci.
Certes, personne ne dit que l’islam radical ne prolifère pas en France, ou même ailleurs. Ce qui est insupportable, dénoncent des sources proches du dossier, c’est cette volonté clairement affichée de faire l’amalgame entre des millions de musulmans respectueux des lois de la République et la minorité qui veut imposer (ses) lois partout, pas uniquement en France, d’ailleurs.
Avant même la diffusion du document en question, de nombreux élus du mouvement la France Insoumise (FI) de Jean-Luc Mélenchon ont dénoncé une «enquête qui nourrit l’islamophobie et désigne les musulmans à la vindicte populaire». C’est à juste titre, car on dénombre quatre millions de musulmans en France dont la vive et constante préoccupation est de vivre dans le respect des lois républicaines et du principe d’égalité des devoirs et des droits.
Soudain, les médias français découvrent le danger islamiste qui gangrène les quartiers. Seulement voilà, quand l’Algérie fit face seule contre l’hydre intégriste, la France, à l’époque socialiste mais de connivence avec un gouvernement de droite, offrait l’asile politique aux terroristes islamistes qui fuyaient l’Algérie après avoir commis des massacres sur des populations civiles.
La France officielle est victime de ses propres – et surtout mauvais – choix politiques, disent tous ceux qui gardent le tragique souvenir de ces années-là, avouant, cependant, souffrir de cet intolérable amalgame dont ils sont l’objet.
R. A.
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