Mince espoir
Par Mrizek Sahraoui – Alors que le risque d’une guerre en Europe plane toujours, avec de potentielles conséquences désastreuses sur la paix et la sécurité internationales, l’espoir, même mince, d’une solution est permis. Et c’est dans ce contexte incertain, et pour éviter l’apocalypse, que le président français a entrepris la rude mission des bons offices entre la Russie et l’Ukraine. Un volontarisme pour trouver une solution au conflit larvé mais visant aussi à tirer de substantiels dividendes électoraux.
C’est en étant paré de l’épitoge de médiateur qu’Emmanuel Macron a passé la semaine à préparer l’entretien téléphonique avec Vladimir Poutine. Lequel a eu lieu pendant plus d’une heure, ce vendredi. Un échange «fructueux» au terme duquel les deux chefs d’Etat ont fait montre d’une volonté commune de «poursuivre le dialogue afin de baisser la tension et d’œuvrer à la désescalade», selon les deux communiqués diffusés par le Kremlin et l’Elysée.
Si Vladimir Poutine reste inflexible sur ses demandes légitimes et l’armée russe campe sur ses positions, c’est parce que les Etats-Unis et l’OTAN ont «formellement rejeté les demandes essentielles russes», mises sur la table, la semaine dernière, avec pour objectif de «garantir la sécurité de la Russie». Celles-ci, pour rappel, se traduisent avant tout par «la fin de la politique d’élargissement de l’Alliance atlantique» qui n’a eu de cesse de grignoter des espaces à l’est et, ensuite, par «le retour progressif aux frontières de 1997».
Au moment où la Russie dément tout projet d’invasion de l’Ukraine et Vladimir Poutine d’estimer que les «réponses des Etats-Unis et de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord [OTAN] n’ont pas tenu compte des préoccupations fondamentales de la Russie», Joe Biden, lui, a annoncé, vendredi, vouloir «envoyer des troupes américaines en Europe de l’Est et dans les pays de l’OTAN prochainement, pas beaucoup», rapporte l’AFP. Une décision qui, si elle venait à prendre corps, ne serait pas franchement de nature à favoriser l’apaisement de la situation, plus que jamais imprévisible.
L’échange entre Vladimir Poutine, qui veut «privilégier la diplomatie mais ne veut pas la guerre», et Emmanuel Macron a débouché sur plusieurs points d’entente. Notamment sur «la nécessité d’une désescalade et la poursuite du dialogue sur la base des accords de Minsk» sur le dossier ukrainien qui, visiblement, est moins une préoccupation première de l’imperium américain qu’une volonté clairement affichée des Etats-Unis de ceinturer militairement et d’étouffer économiquement la Russie.
Chacun sait que le projet Nord Stream 2, le gazoduc qui permettra d’alimenter l’Allemagne en gaz russe, demeure toujours au travers de la gorge des Américains qui ont brandi la menace de surseoir à sa mise en service.
C’est normal, le tuyau est trop long.
M. S.
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