Abdallah Zekri s’insurge et dénonce : «L’islam de France est une foutaise !»
Par Nabil D. – Le président de l’Observatoire contre l’islamophobie en France a crevé l’abcès, à la veille de la tenue du Forum de l’islam en France (Forif), la nouvelle instance que Gérald Darmanin a mise en place mais à l’inauguration duquel le président Emmanuel Macron ne prendra pas part, a-t-on appris de sources proches du dossier. Invité à donner son opinion, Abdallah Zekri s’est insurgé en dénonçant une fustigation systématique de l’islam et des musulmans. «Depuis quelques jours, nous sommes gavés, les musulmans sont agacés. Ouvrez toutes les chaînes e télévision, les radios, la presse, c’est le même sujet qui revient : l’islam, le grand remplacement, l’intégrisme, le salafisme. Il y a cinq ou six millions de musulmans en France alors qu’on ne parle que d’une poignée d’extrémistes comme s’ils représentaient tous les musulmans», s’est-il indigné.
«Au risque de choquer, je dis que l’islam de France est une foutaise. Il n’y a pas de judaïsme de France pas plus qu’il n’y a un christianisme de France. L’islam est une religion révélée comme les autres religions monothéistes et il doit être respecté de la même manière», s’est insurgé le délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM) dont il explique qu’«il n’y a pas eu un acte de décès qui ait été signé ni par le président [Macron] ou par le ministre de l’Intérieur» concernant cette institution créée par Nicolas Sarkozy.
Interrogé sur le Forum de l’islam en France, Abdallah Zekri a répondu que «nous assistons à une opération médiatique». «Le président [Macron] veut marquer son empreinte comme tous les autres», a-t-il renchéri, en précisant que ce dernier ne peut cependant ni écarter ni modifier le CFCM. «Actuellement, il a mis en place le Forif qui est une instance de dialogue et non pas de décision, ce n’est pas une instance qui va organiser le culte qui doit être organisé par les responsables habilités», a-t-il fait remarquer. «Ce qu’on nous reproche, et là je suis d’accord, a souligné le président de la Mosquée de la Paix, à Nîmes, c’est l’existence de mésententes au sein du CFCM dont les dirigeants ont été élus par le haut, par les présidents des fédérations, il y a du clientélisme aussi. Mais ce que veut faire le président Macron, nous l’avons déjà annoncé avant. Nous souhaitons, en effet, une élection de la base au sommet et le renouvellement de toutes les instances, en écartant les cooptés parce qu’ils n’ont pas été élus par la base, ainsi que les présidents des fédérations qui sont devenus des caïds de l’islam», a-t-il martelé.
«Je ne dis pas au Président et au ministre de l’Intérieur de ne pas créer le Forif, ils sont libres de discuter avec qui ils veulent. Cazeneuve aussi avait créé une instance de dialogue sans pour autant remettre en cause le CFCM qui a servi à un moment donné. Nous avons condamné le terrorisme, nous avons combattu les islamistes, les intégristes, les salafistes et quand il y a une prise d’otages en Irak, nous sommes allés là-bas pour éviter qu’ils soient exécutés, je faisais moi-même partie de la délégation», a rappelé Abdallah Zekri, qui estime que l’Etat [français] «ne doit pas se mêler de la gestion de l’islam». «Macron, de toute façon, ne peut pas dissoudre le CFCM qui n’est pas une organisation terroriste. Les musulmans en ont marre d’être toujours les boucs-émissaires. Il n’y a que l’islam qu’on cherche toujours à réformer. Pourquoi le Président ne réforme-t-il pas les autres cultes ? Pourquoi cette focalisation perpétuelle sur l’islam ?» a-t-il interrogé au micro d’Objectif Gard.
«Contrairement au Forum de l’islam en France, qui est une opération médiatique, la création du CFCM répondait à une urgence. Il faut se rappeler qu’on désignait les musulmans au mètre carré», a encore rappelé Abdallah Zekri, qui ne conteste pas qu’au sein de ce Forum il y ait, certes, des gens représentatifs du culte musulman. «Cela dit, a-t-il néanmoins objecté, si l’Etat veut dialoguer, alors il existe déjà une organisation qui est chargée de défendre les valeurs de la République, de combattre l’intégrisme, de surveiller ce qu’il se passe dans les mosquées». «Je précise que la charte sur la laïcité a été élaborée par le CFCM, c’est nous, en tant qu’instances musulmanes, qui avons rédigé ce texte, lequel a été discuté au ministère de l’Intérieur», a-t-il insisté, en indiquant que le CFCM «souffre de nombreuses faiblesses, au premier rang desquelles le financement». «L’Etat ne nous a pas aidés, qu’il s’agisse du halal dont seules trois mosquées profitent, ou de la formation des imams qu’il faut élargir à d’autres centres de formation» a-t-il conclu.
N. D.
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