Intrusion avortée d’Israël à l’UA : une source proche du dossier dézingue Faki
Par Kamel M. – «Le président de la Commission de l’Union africaine a justifié sa décision d’octroyer le statut d’observateur à Israël en prenant en considération la demande exprimée de plus des deux tiers des Etats membres de l’UA. Or, il n’existe aucune documentation, ni preuve montrant ce que Moussa Faki a qualifié de demande exprimée des Etats membres», a expliqué une source proche du dossier. «Au contraire, vingt-quatre Etats membres ont exprimé, officiellement et publiquement, leur objection et leur rejet de sa décision, alors que Faki les a décrits comme quelques-uns», a précisé cette source, selon laquelle les critères indiquent que si un Etat membre, c’est-à-dire un ou plusieurs, s’oppose à l’accréditation, la question doit être soumise au Conseil exécutif pour examen. «Lorsque les critères donnent clairement tout le poids nécessaire pour qu’un seul Etat membre s’y oppose, comment est-il possible pour le président de la commission de décrire vingt-quatre Etats membres comme étant simplement quelques-uns ?» a-t-elle interrogé.
«Il convient de rappeler au président de la Commission de l’Union africaine que les critères donnent la prérogative exclusive de l’octroi, de la suspension et du retrait de l’accréditation d’un Etat non africain aux Etats membres, et cette clause des critères contredit sa déclaration selon laquelle cela relève de son plein domaine de compétence», souligne notre source, qui précise que le diplomate tchadien pro-israélien «aurait dû prendre acte des préoccupations soulevées et communiquées officiellement par de nombreux Etats membres». «Il doit donner l’exemple et rassurer les Etats membres sur le fait qu’il tient très au sérieux le serment qu’il a prêté devant les chefs d’Etat et de gouvernement et qu’il garantira toujours le consensus dans la prise de décision sur les questions importantes pour l’Union africaine, son image et sa crédibilité dans l’arène mondiale».
Notre source souligne que les critères d’accréditation des Etats non africains «indiquent clairement comme premier critère que les buts et objectifs des Etats non africains doivent être conformes à l’esprit, aux objectifs et aux principes de l’Acte constitutif de l’Union africaine, alors qu’Israël a été décrit par de nombreuses décisions et résolutions de l’OUA/UA en tant que force d’occupation de la Palestine et violant ainsi le principe d’interdiction de l’usage de la force mentionné dans l’Acte constitutif et les conventions internationales». «Cela seul aurait dû suffire au président pour rejeter cette demande», estime notre source, qui explique que ces critères indiquent clairement, également, que le président «doit tenir compte des décisions de l’UA et garder à l’esprit les intérêts suprêmes de l’Union et les préoccupations de ses Etats membres». «Cet aspect essentiel de la procédure a manifestement été ignoré par le président de la Commission», fait remarquer notre source qui ajoute que «toutes les décisions de l’OUA/UA reconnaissent les droits légitimes du peuple palestinien à l’autodétermination, à la libération, à l’indépendance et à la pleine souveraineté». «Au contraire, Israël a privé le peuple palestinien de ces droits fondamentaux en l’opprimant systématiquement», note encore notre source.
«Le président a également utilisé le terme majorité de plus des deux tiers pour tenter de légitimer cette grave violation de l’Acte constitutif de l’Union et des critères du système d’accréditation des Etats non africains», poursuit notre source qui relève que «si sa décision a bien fini par recevoir l’approbation de ce nombre d’Etats membres, cela pourrait signifier que Moussa Faki n’a consulté que certaines parties de l’organisation et ignoré le reste des Etats membres». «Cela constituerait en soi une violation de son mandat et de sa procédure», fait savoir notre source, en expliquant que la procédure habituelle «prévoit de n’obtenir la majorité des deux tiers que par communication officielle des Etats membres à la Commission qui, dans ce cas, n’a jamais été reçue».
Notre source, qui invite le président de la Commission de l’Union africaine à «prendre une mesure courageuse pour rectifier la situation», estime que ce dernier «doit non seulement voir la perspective des relations bilatérales de certains Etats membres avec Israël, mais aussi prendre en considération l’unité de l’organisation comme l’intérêt suprême qui doit toujours prévaloir». «Il est absolument nécessaire, conclut notre source proche du dossier, de séparer les relations bilatérales que les pays entretiennent avec Israël des intérêts et des objectifs de l’Union tels qu’ils figurent dans son Acte constitutif».
K. M.
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