Zemmour : «La venue de 1 200 médecins en France est un double scandale»
Par Mohamed K. – Eric Zemmour a estimé que le recrutement par la France de 1 200 médecins algériens est un «double scandale». Le candidat d’extrême-droite à la présidentielle française d’avril prochain répondait aux questions des journalistes sur le dernier concours de vérification des connaissances en médecine qui a permis à 2 000 médecins étrangers, dont trois quarts de Maghrébins, de travailler en France.
«Je veux mettre fin à cette politique. La France doit se passer de ces 1 200 médecins et les laisser à l’Algérie qui en a bien besoin. L’état de délabrement des hôpitaux algériens et de la santé des Algériens nécessite absolument qu’ils gardent ces médecins formés [chez eux]», a dit le principal rival du président sortant, Emmanuel Macron. Quid des 15 000 médecins algériens qui exercent déjà en France ? «Ceux qui sont là et qui ont un titre de séjour régulier restent en France évidemment», a répondu le fondateur du mouvement politique Reconquête.
«Je trouve ce que la France a fait scandaleux», a renchéri Eric Zemmour, avant d’ajouter : «Il faut bien juger la politique globalement. Depuis trente ans, on a empêché des jeunes Français de faire médecine pour un quart de point, pour un demi-point, tout ça pour aller chercher, ensuite, des médecins algériens, tunisiens ou marocains.» «D’abord, on les enlève à leur pays et, en plus, on les paye moins. Donc, c’est un double scandale», a-t-il poursuivi. «Je répète, je ne veux pas enlever les médecins algériens à leur pays et j’estime que nous avons assez d’immigration venue du Maghreb et d’Afrique, il faut tout arrêter», a insisté le candidat xénophobe dont la cote dans les sondages ne cesse de monter au détriment des candidats des partis traditionnels de droite et d’extrême-droite, Valérie Pécresse des Républicains et Marine Le Pen du Rassemblement national dont deux ténors, l’avocat Gilbert Collard et Marion Maréchal, petite-fille du fondateur du Front national, ont démissionné pour rallier le camp d’Eric Zemmour.
Invité par l’Association de la presse étrangère (APE), le candidat à l’Elysée avait également évoqué l’Algérie, en affirmant vouloir parler «entre hommes» avec les dirigeants algériens et avertissant qu’il supprimerait l’accord franco-algérien du 27 décembre 1968, relatif à la circulation, à l’emploi et au séjour des ressortissants algériens et de leurs familles. Avant d’ajouter sur un ton menaçant : «C’est notre faiblesse qui rend les dirigeants algériens arrogants, mais ils respecteront des gens qui se respectent.» «Si nous avons colonisé l’Algérie pendant 130 ans, nous n’avons été ni les premiers ni les seuls, l’Algérie a toujours été une terre de colonisation, par les Romains, les Arabes, les Turcs, les Espagnols», avait-il affirmé, en faisant l’apologie du colonialisme qui, a-t-il allégué, «a permis la construction des routes, les instituts de santé que la France a laissés, le pétrole que la France a trouvé et qui permet de nourrir 40 millions d’Algériens».
«Il faudra que l’Algérie arrête de considérer que la France est le déversoir de son excès démographique», avait lancé le candidat raciste qui n’avait pas pipé un seul mot sur les accords bilatéraux concernant les ressortissants des pays voisins de l’Algérie. Notamment l’accord franco-marocain du 9 octobre 1987 régissant de manière exclusive la situation des Marocains qui souhaitent bénéficier d’une carte de séjour temporaire portant la mention «salarié». Cet accord est quasiment un fac-similé de celui signé avec l’Algérie en 1968.
M. K.
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