Hommage à un grand journal électronique algérien

Il y a des célébrations qui résonnent plus que d’autres avec l’actualité médiatique. C’est avec beaucoup d’amitié et de fierté que je félicite l’équipe d’Algeriepatriotique pour son 10e anniversaire.

A l’heure où Algeriepatriotique célèbre donc ce vendredi 18 février ses dix ans, une fête coïncidant avec la Journée nationale du chahid, qui intervient elle aussi cette année dans une conjoncture particulière, marquée notamment par le débat sur la question de la mémoire, notre questionnement préliminaire se cristallise sur les «batailles» du journal aux côtés de la République et sa générosité à donner la parole à tous les intellectuels de talent, avec un véritable pluralisme d’opinion.

Pour les fidèles du journal, la joie est double car cette «aventure» s’ajoute bien sûr à autre chose : la détermination tenace d’une équipe à ne jamais transiger avec les principes et les valeurs journalistiques, inculqués et forgés tout au long de ces années. Et cela commence très tôt avec le refus de la compromission, du mensonge et de l’hypocrisie, notamment quand il s’agit des questions de l’Etat et de ses intérêts.

Ce n’est pas rien, avec une telle expérience honnête d’avoir franchi une à une toutes les étapes de la réussite professionnelle, d’avoir écrit des articles et donné des nouvelles, d’avoir fondé en somme un journal, voire une référence respectable et respectée.

En ma qualité d’ancien haut cadre de l’Etat, Algeriepatriotique a réussi l’alliance rare entre une constante fidélité à l’histoire de la profession et ses engagements, une absolue rigueur professionnelle et un inlassable esprit critique.

Un ancien ministre me disait tout récemment : «AP reste le seul journal véritablement patriotique, qui reste une œuvre pionnière et exigeante, d’une grande actualité, et toujours généreuse et attentive aux autres.»

Cependant, au-delà de ce constat, il faut souligner que la question de l’obédience du journal à des principes éthiques suscite le respect au sein même de l’espace public, c’est-à-dire parmi les journalistes qui revendiquent une indépendance de leur pratique professionnelle, et les hommes politiques ensuite qui rappellent que les journaux ne pourraient pas proclamer totalement leur indépendance des pouvoirs ou d’influences politiques ou économiques sans les traditionnels codes de l’échange, notamment les notions de responsabilité et de courtoisie, sans oublier surtout la connaissance des mécanismes de fonctionnement d’un journal, la maîtrise du processus de fabrication et les coûts inhérents à cette industrie.

Cette dimension particulière tient à la force de son code moral qu’il n’est nul besoin de rappeler, dans la mesure où la responsabilité qui incombe aux médias et aux journalistes qui les incarnent se trouve décuplée dans une «morale de conduite» qu’ils se déclarent volontiers de s’y référer pour définir leur pratique, de la réguler, mais aussi de la défendre, dans le strict respect des règles professionnelles qui constituent les conditions ordinairement admises contre les déviations, que sont l’esprit de chapelle, la tentation de faire des médias un moyen de chantage, de pression ou d’intimidation.

Nous connaissons en effet l’histoire de ce journal et les plus cruciaux moments de vérité, notamment lorsque certaines voix «ennemies», dont la virulence n’est plus à démontrer, ont tenté d’entacher sa crédibilité, après des années d’honnêteté et de prestige, qui s’en est trouvé taraudé par le doute de certains, voire effiloché par le scepticisme des autres.

Mais le vrai débat en somme sur une série de dérives, voire d’usurpations, émanant des mêmes voix voisines, prises de vertige par la démesure, a redonné confiance au journal, à commencer par son devoir de vérité, la rectitude dans son traitement et la loyauté dans sa pratique. C’est cette démarche qui semble être adoptée, in fine, par Algeriepatriotique, et je m’en réjouis.

M. D.

Ancien professeur à l’Université d’Alger