Un général français explique pourquoi le vote de l’ONU contre la Russie est bidon
Par Mohamed K. – Le général français Dominique Delawarde a expliqué que le vote de l’ONU contre la Russie est un coup d’épée dans l’eau et qu’il n’aura, en dépit du grand nombre de pays qui ont apporté leur soutien à une résolution condamnant «l’invasion de l’Ukraine», aucun effet sur Moscou. «Sur les 193 pays représentés à l’ONU le 2 mars 2022, 141 ont voté contre la Russie, 5 ont voté en soutien de la Russie, 34 se sont abstenus et 13 n’ont pas pris part au vote», a, d’emblée, rappelé le spécialiste de la guerre de quatrième génération.
«Ce qu’il faut bien comprendre, pour mesurer le réel degré d’isolement de la Russie, c’est que chaque pays a un poids différent en termes économique, en termes de population, donc de marché potentiel, en termes militaire – puissances nucléaires ou non – et que tous les pays ne se valent donc pas vraiment», a-t-il précisé, en faisant remarquer qu’«il vaut mieux avoir des relations avec quelques pays puissants plutôt qu’avec une myriade de petits ou moyens pays plus ou moins vassalisés».
L’ancien responsable à l’état-major interarmées de planification opérationnelle a évalué les poids économique, démographique et nucléaire des 52 pays qui n’ont pas voté contre la Russie, soit en la soutenant, soit en s’abstenant, soit en ne prenant pas part au vote. Ses conclusions sont édifiantes et prouvent par les chiffres que la Russie est loin d’être isolée. «Cinq des neuf puissances nucléaires répertoriées sur la planète n’ont pas voté contre la Russie : trois se sont abstenus (Chine, Inde et Pakistan), deux ont soutenu la partie russe (Russie, Corée du Nord) et deux (Chine et Russie) ont un siège de membre permanent avec droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU», souligne Dominique Delawarde. «Sur le plan démographique, ajoute-t-il, les 141 pays qui ont voté contre la Russie ne comptent que 3,3 milliards d’habitants.»
La Russie garde des marchés «considérables», explique le général français, qui note que «sur les 52 pays qui n’ont pas voté contre la Russie, 25 (dont l’Afrique du Sud) sont des pays africains, ce qui confirme la percée de la Russie en Afrique, 19 sont des pays asiatiques, 5 sont des pays d’Amérique latine et 3 sont des pays européens – Biélorussie, Serbie, Russie», estime que c’est plutôt la France qui a «du souci à se faire sur l’avenir de son influence en Afrique». «Ce vote n’aura pas pour conséquence d’isoler la Russie beaucoup plus qu’elle ne l’était déjà face à un monde occidental russophobe, dirigé par les Etats-Unis», précise le général Delawarde, pour lequel le vote de l’ONU est «non contraignant».
«L’ONU n’aurait d’ailleurs aucun moyen de le faire respecter», conclut-il, en pointant, au passage, «l’immense responsabilité de l’OTAN qui a provoqué l’Ours russe en amenant ses missiles nucléaires aux frontières de la Russie et en reniant les promesses faites en 1991».
M. K.
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