Youssef Hindi : «Certains Israéliens prennent l’Ukraine pour leur propriété»
Par Nabil D. – A la question d’Arthur Sapaudia : «Pensez-vous que ce qui se passe actuellement en Ukraine fait partie intégrante du messianisme actif ?» Yousef Hindi répond, dans un entretien accordé à l’auteur de L’Abécédaire du nouvel ordre mondial, que ce pays d’Europe de l’Est «est considéré par un certain nombre de juifs israéliens comme leur propriété». Analysant l’opération spéciale russe, l’écrivain marocain établi en France estime qu’«il s’agit d’abord de la confrontation géopolitique entre les Etats-Unis et la Russie». «C’est la vieille stratégie de de la puissance thalassocratique anglo-américaine dont l’un des principaux objectifs est la prise de contrôle de l’Eurasie, projet auquel s’oppose naturellement la Russie, puissance tellurocratique, menacée de destruction», affirme-t-il.
«Mais le messianisme juif n’est pas loin», souligne le chercheur, qui note que le président Volodymyr Zelensky est lui-même un juif, «tout comme son maître, le milliardaire Igor Kolomoïski, détenteur des nationalités ukrainienne, israélienne et chypriote, qui a financé les bataillons néo-nazis d’Ukraine». «Kolomoïski vit d’ailleurs en Israël», poursuit l’historien de l’eschatologie messianique, en rappelant un article publié en septembre 2015, dans lequel il analysait la stratégie sioniste vis-à-vis de la Russie, «laquelle se combinait à la géostratégie étasunienne». «Israël, via le lobby pro-israélien, utilise, en particulier depuis le tournant du 11 septembre 2001, les Etats-Unis et l’OTAN comme un outil de destruction des alliés historiques de la Russie au Proche-Orient, opposant plus encore Russes et Américains», explique-t-il. «En parallèle, les dirigeants sionistes tentent, via des intermédiaires, de négocier avec la Russie afin qu’elle abandonne ses alliés syriens et iraniens», révèle-t-il.
«En juillet 2013, le prince Bandar, en qualité de représentant de l’Arabie saoudite, alliée d’Israël, a rencontré Vladimir Poutine, pendant la crise syrienne. Bandar aurait au cours de l’entretien proposé un accord économique, pétrolier et gazier à Vladimir Poutine, en échange de quoi, celui-ci devrait lâcher l’Iran, abandonner le président Assad et livrer la Syrie aux terroristes», rapporte l’académicien dont les travaux de recherches sont tournés principalement vers l’étude des origines des idéologies modernes, en faisant remarquer qu’il analysait à l’époque «le feu allumé quelques mois plus tard en Ukraine comme une réponse américano-israélienne au refus russe». «D’ailleurs, conclut-il, Israël s’apprêtait à livrer des armes à l’Ukraine un ou deux mois après le début de la guerre civile», en précisant que Poutine «avait alors mis en garde l’Etat juif».
Dans son ouvrage Occident et Islam, sources et genèse messianiques du sionisme, de l’Europe médiévale au choc des civilisations, Youssef Hindi révèle les origines mystiques du sionisme et de la doctrine stratégique du choc des civilisations, en remontant au XIIIe siècle. Il nous fait découvrir comment est né le projet de «rapatriement» du peuple juif en Terre sainte malgré l’interdiction de la Torah et du Talmud, et nous décrit comment ce rêve messianique a pris corps pour s’accomplir à partir de la fin du XIXe siècle dans une idéologie athéiste, le sionisme politique.
Selon lui, plusieurs rabbins illuminés, qui se prenaient pour le messie et même pour Dieu, avaient entrepris, au XIVe siècle et ultérieurement, des démarches auprès du Vatican, notamment, pour le convaincre d’aider le peuple juif à retourner à la Terre sainte d’où il a été chassé, des siècles auparavant, en se prévalant de l’alliance existant entre le judaïsme et le christianisme.
N. D.
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