Albares reconnaît qu’Alger n’a pas été averti du revirement brusque de Madrid
Par Kamel M. – Le chef de la diplomatie espagnole reconnaît que l’Algérie n’a pas été informée du changement brusque opéré par Madrid dans sa position sur le Sahara Occidental. «Les communications entre l’Espagne et le Maroc sont exclusivement bilatérales», a-t-il affirmé, en effet, dans une déclaration reprise par EFE. «Le ministre des Affaires étrangères considère cependant Alger comme un partenaire solide, prioritaire et fiable pour l’Espagne», indique l’agence officielle espagnole.
«Malgré cela, vendredi dernier, avant que l’annonce ne soit rendue publique, officialisant un changement de position historique en matière de politique étrangère, l’Espagne n’a pas prévenu Alger», commente EFE qui relève que «la reconnaissance par José Manuel Albares que l’Espagne n’a pas notifié sa décision à l’Algérie contredit complètement ce que le gouvernement lui-même a exprimé au lendemain de l’annonce de sa nouvelle politique sur le Sahara [Occidental]». Des sources officielles avaient soutenu que l’Exécutif espagnol avait «informé au préalable le gouvernement algérien de sa nouvelle position vis-à-vis de l’ancienne colonie espagnole». Ces mêmes sources avaient affirmé, elles aussi, que «pour l’Espagne, l’Algérie est un partenaire stratégique avec lequel nous entendons entretenir une relation privilégiée».
Mais à Alger, ces discours lénifiants ne passent pas. Une source diplomatique algérienne a déclaré à Algeriepatriotique que le ministre espagnol des Affaires étrangères soutenait dans ses différentes déclarations à la presse que ses relations étaient fluides avec son homologue algérien et que tous les sujets étaient abordés, en laissant accroire que les autorités algériennes auraient été informées de ce revirement «honteux» de l’Espagne, qui demeure, au regard de la légalité internationale, la puissance administrante de jure du territoire du Sahara Occidental et qui, à ce titre, «assume une grande responsabilité morale, politique et diplomatique en tant que membre du groupe des amis du Sahara Occidental aux Nations unies».
«Il s’agit, à l’évidence, d’un mensonge enrobé d’ambiguïté intentionnelle pour tenter de calmer les préoccupations légitimes soulevées par la classe politique espagnole à l’occasion de cette volte-face peu glorieuse qui est synonyme de plate soumission à la capacité de nuisance du Maroc», a cinglé notre source, selon laquelle «à aucun moment et à quelque niveau que ce soit, les autorités algériennes n’ont été informées de ce vil marchandage conclu avec la puissance occupante marocaine sur le dos du peuple sahraoui».
«Cette seconde trahison historique de la cause sahraouie flétrit sérieusement la réputation et la crédibilité de l’Espagne en tant que membre de la communauté internationale et les gains escomptés par Madrid en ce qui concerne le respect de l’intégrité territoriale de l’Espagne et de sa souveraineté sur Ceuta et Melilla ne seront jamais garantis face à un Makhzen calculateur, cynique, versatile et revanchard et qui n’hésitera pas à recourir, à nouveau, à l’utilisation du chantage de l’immigration clandestine comme instrument de pression», a averti la source diplomatique algérienne.
K. M.
Comment (46)