La fin d’un rêve, d’un empire ?
Une contribution de Nacer Achour – «Vae victis !» «Malheur aux vaincus !» se serait écrié Brennus, le terrible chef gaulois qui assiégea Rome au IVe siècle av. J-C. Beaucoup plus tard, en 111 avant notre ère, Jugurtha, le roi numide, qui offrit une victoire écrasante à Rome sur Numance (Espagne), aurait quitté la capitale de l’empire où il fut appelé à témoigner devant le Sénat, en s’écriant : «Rome, ville à vendre ! Il ne te manque qu’un acheteur !»
De l’empire romain, il subsiste encore des vestiges un peu partout, y compris à Palmyre, la province de Syrie intégrée à Rome et qui fut détruite par l’Etat islamique soutenu par qui on sait. L’empire romain avait, au moins, le mérite d’avoir construit des cités, des monuments, des aqueducs, des ponts, des routes…
Sur le point de réussir l’opération militaire en Ukraine avec l’encerclement de Kiev, la capitale, de Kharkiv, la deuxième plus grande ville du pays et la maîtrise presque totale de Kherson, Vladimir Poutine a déjà gagné et Zelensky qui ne s’avoue toujours pas vaincu, continue, pour le moment, à solliciter l’aide de ses «protecteurs», allant jusqu’à leur demander d’évincer la Russie du Conseil de sécurité de l’ONU.
Le monde de la domination unipolaire occidentale est donc en train de finir et Sergueï Lavrov ne l’a que trop répété. Poutine n’a, d’ailleurs, pas d’autre choix que de gagner car ceux qui avaient appelé de tous leurs vœux à ce que les Russes se lancent dans une guerre sans fin, savent pourquoi ils l’ont fait et ils feront tout pour la faire durer. Ils en ont les moyens, leur but étant de mener une guerre d’usure et ruiner ainsi l’ennemi.
Pourtant, ils sont en train de la perdre cette guerre et de préparer la paix, comme ils ont perdu en Irak et en Syrie où ils ont provoqué le chaos. Comme ils ont perdu en Afghanistan, laissant un peuple affamé et un pays agonisant après vingt ans de destruction imposée par (Washington ou le Pentagone ?) et où ils auraient même, paraît-il, volé 7 milliards de dollars, commettant, de ce fait, un autre crime contre l’humanité en condamnant à coup sûr des millions d’Afghans à la famine.
Ils sont en train de perdre comme ils ont perdu au Venezuela où ils ont échoué à évincer Nicolas Maduro dont ils voulaient la peau et introniser Juan Guaido Marquez (un Zelensky vénézuélien) qui s’était autoproclamé président par intérim du pays d’Hugo Chavez, en janvier 2019, provoquant ainsi de vives réactions dans le monde entier.
Le Monde du 25 janvier 2019 avait d’ailleurs repris la réaction à chaud du président Donald Trump qui avait affirmé toute honte bue et fier de lui : «Aujourd’hui, je reconnais officiellement le président de l’Assemblée nationale vénézuélienne, Juan Guaido, comme président par intérim du Venezuela.»
Oui, les mêmes qui voulaient la peau de Bachar El Assad après s’être débarrassé de Saddam Hossein et de Mouammar Al Kadhafi. Les mêmes qui ont fait assassiner, le 3 janvier 2020 à Bagdad, le général iranien Qassem Soleimani, son ami Abou Mehdi Al-Mouhandis et ceux des militaires qui les accompagnaient. Le président des Etats-Unis en personne avait revendiqué le lâche assassinat tandis que, les jours qui suivirent, c’est-à-dire le 7 janvier 2020, son homologue russe s’était envolé pour Damas où il effectua une visite surprise, en signe de solidarité avec les dirigeants et le peuple syriens qui considéraient les martyrs comme étant aussi les leurs.
La décision sioniste de commettre ce crime abjecte, cautionné par les plus hautes autorités étatsuniennes, est avant tout un coup porté contre le peuple américain lui-même. Depuis quand un chef d’Etat, fût-il étasunien, a-t-il vocation de revendiquer des crimes commis sur des personnages aussi populaires que Soleimani et Al-Mouhandis dont l’assassinat n’a fait que renforcer l’axe de la résistance et ouvrir les yeux sur les véritables criminels ?
Des résistants, de valeureux patriotes épris de justice, voilà ce qu’ils étaient ! Les équivalents de nos colonels Amirouche, Lotfi, Houas, Ben M’hidi et tant d’autres révolutionnaires algériens tombés au champ d’honneur pour libérer le pays de l’occupation. Amirouche était, de son vivant déjà, comme Suleimani sans doute, une légende.
Les mêmes donc qui veulent aujourd’hui la peau d’un Vladimir Poutine déterminé à en découdre avec le mal qui ronge le peuple ukrainien depuis l’année 2014, au moins, et à l’extraire avec sa racine.
En fait, qui a introduit le terrorisme en Irak et en Syrie ? Qui l’a combattu et qui a fait semblant de le combattre ?
L’opération militaire russe est, quoi qu’on dise, en train de mettre un terme à l’arbitraire, en Ukraine d’abord, de mettre le holà à l’arrogance de l’Empire et, par voie de conséquence, à ses sous-traitants, dont Israël qui continue impunément à infliger à la population palestinienne un traitement qu’on pourrait nommer, sans risque de se tromper, apartheid.
N. A.
Ecrivain (Essonne, France)
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