«Sur les rives de l’Euphrate notre course finira» nous balade d’un pays à un autre
Par Abderrahmane Hadj Ali – L’auteur de Sur les rives de l’Euphrate notre course finira est connu pour être un fidèle lecteur d’Algeriepatriotique auquel il envoie, «quand la situation l’exige», une «modeste» contribution dans laquelle il exprime un «point de vue qu’il aime partager avec d’autres lecteurs». Etabli en France depuis l’année 2014, Nacer Achour n’a jamais quitté tout à fait l’Algérie et pour cause : il est «à l’affût du moindre souffle du pays». Non pas que la politique le passionne, loin de là, je dirais plutôt le connaissant un peu mieux, que c’est l’Algérie qui le passionne, qui l’habite au point de toujours lui manquer, pour laquelle il s’inquiète et pour laquelle aussi il voudrait faire beaucoup de choses.
Ayant été à l’école du patriotisme qu’il a reçue «très tôt» à la maison, il découvrira la littérature alors qu’il était au collège Baba Aroudj, à Raïs Hamidou. Le premier livre qu’il avait acheté ? «Ça ne s’oublie pas, c’est comme le premier amour» dit-il : Les Rêveries du promeneur solitaire de Jean-Jacques Rousseau, qui sera suivi du Petit Chose, un roman autobiographique publié par Alphonse Daudet en 1868. Nous sommes en 1978, et il avait quinze ans.
Il fit son entrée en littérature avec Dernier Eté, publié en décembre 2000 aux éditions l’Harmattan. Alors qu’il était de passage à Paris au printemps 2001, pour la promotion du livre, il en profita pour transmettre un exemplaire à Mohammed Dib dont il a «toujours été un grand admirateur». Celui-ci lui envoya une lettre dans laquelle il dit tout le bien du livre, lettre qu’il garde à ce jour, dont cet extrait : «(…) Il y a longtemps que je n’ai vécu d’aussi riches et beaux moments que ceux connus en lisant ton livre. Le monde décrit est, quoique ordinaire, si prenant, les personnages et leur mode de vie si vrais, si denses, qu’on ne peut s’empêcher d’éprouver un sentiment de reconnaissance pour nous les avoir rendus si proches, comme dans la réalité, comme ils collent à cette réalité, qui pourtant nous bouleverse pour familière qu’elle soit.»
Suivront d’autres publications, notamment et respectivement Que Dire ; Absence, poèmes ; Et la mer elle-même n’aura plus aucun sens, roman, 2015, Edilivre ; As-tu seulement existé Anne-Marie ? roman, Spinelle, 2020 et Sur les rives de l’Euphrate notre course finira, roman, Spinelle 2021.
Dans la préface dédiée à ce roman, Jacob Cohen, que nous saluons au passage, parle d’un «roman qui nous balade d’un pays à un autre, saute d’une époque à une autre. Des faits d’actualité brûlante portant sur une région stratégique du Proche-Orient s’entrelacent avec des événements amoureux ou des chroniques liées à la vie diplomatique avec son lot d’espions et d’agents doubles pimenté de quelques trafics». Avant d’ajouter plus loin : «On peut être déconcerté au départ par cette construction décousue, sans fil conducteur apparent. Mais si on se laisse prendre par l’atmosphère, la symphonie des mots, la vivacité des dialogues, l’anticipation des imprévus et leur dénouement, alors on découvre un roman plaisant, lucide et profond.»
De quoi s’agit-il en fait ? Samar, alias Oksana, rencontre en région parisienne Serguei, un réfugié politique ukrainien d’origine russe de passage à Paris. Ils sont épris l’un de l’autre. Cependant, Serguei ignore tout de la véritable identité d’Oksana, ni des motivations qui l’ont conduite en France. Après avoir vengé sa famille lâchement assassinée à Damas en 2012, elle disparaît des radars. Serguei sombre dans un état dépressif mais tente tout de même de la retrouver cinq années après.
L’auteur est sur le point de publier Cet étrange et incessant appel, un roman dédié à la fois à sa région natale pour nous dire la beauté de celle-ci, dans toute sa simplicité mais aussi à la douleur engendrée par la séparation et l’exil.
A. H.-A.