Eric Zemmour encense les Kabyles de France à la veille de la présidentielle
Par Abdelkader S. – Berbère Télévision a tendu la perche à Eric Zemmour, à quarante-huit heures du premier tour de l’élection présidentielle française qui se tient ce dimanche. Le candidat à l’Elysée a brossé dans le sens du poil, en affirmant que «les premières vagues d’immigrés venues pour travailler en France d’Algérie dans les années 1960 furent essentiellement les Berbères [comprendre les Kabyles, ndlr], ce sont des gens qui ont travaillé et qui, effectivement, se sont assimilés à la culture française, se sont approprié l’histoire de France, exactement comme ma famille». Premier mensonge d’une longue série de contre-vérités, puisque l’émigration a débuté au lendemain de la Seconde Guerre mondiale lorsque la France avait besoin de bras pour reconstruire un pays en ruine sur tous les plans.
«Pour les Berbères, la France a été un libérateur de la colonisation arabe ou ottomane, il ne faut jamais oublier cela», a déraisonné le fondateur de Reconquête, qui nie que les Algériens originaires de Kabylie, comme leurs concitoyens issus des autres régions du pays, n’ont jamais renié leur appartenance et ont, pour la plupart, laissé leur famille en Algérie et ont travaillé toute leur vie pour pouvoir construire une maison et finir leurs jours dans leur pays natal et y être enterrés.
«Aujourd’hui, je dis que, dans les vagues d’immigration qui ont été en France depuis à peu près 1870, il y a eu d’abord des Belges, ensuite des Italiens, ensuite des Espagnols, des juifs polonais, puis des juifs d’Algérie et du Maghreb, puis des Berbères, toutes ces vagues-là se sont remarquablement assimilées», a ajouté Eric Zemmour, en expliquant qu’«à partir des années 1980, l’immigration venue d’Afrique et du Maghreb a été de plus en plus islamisée et de moins en moins assimilée». «C’est pour cela que je dis que les Berbères se sont assimilés comme les autres vagues d’immigrants venus d’Europe», a-t-il soutenu, feignant ignorer que les Algériens de Kabylie partis pour travailler en France sont restés foncièrement attachés à leur culture, tout comme leurs ancêtres déportés en Nouvelle Calédonie auxquels les milliers de kilomètres d’éloignement n’ont pas fait oublier la langue et les us et coutumes.
«Il y en a qui ne veulent pas s’assimiler, ceux-là n’ont pas à être français. Il n’y a pas d’agressivité, il n’y a pas de haine particulière contre quiconque», a martelé le candidat qui se plaint de ce que, «dans les enclaves où il y a trop d’Arabo-musulmans, on n’est plus en France parce qu’ils vivent là-bas, parce qu’ils sont majoritaires». «Ce n’est même pas un reproche que je leur fais, c’est humain. Le reproche que je fais, c’est aux autorités françaises de les avoir laissé entrer et de ne plus faire respecter et ne plus imposer l’assimilation», a-t-il surenchéri, en promettant d’expulser les délinquants et les fichés S étrangers.
Le premier voyage qu’Eric Zemmour fera s’il est président, ce sera dans les pays du Maghreb, «pour, explique-t-il, justement, aller négocier cette grande refondation de nos relations, à la fois dans le respect réciproque, mutuel, et pas dans la repentance, mais pas non plus dans le mépris des uns pour les autres». «Nous devons parler d’Etat à Etat, de nation à nation, nous devons supprimer tous les accords privilégiés, par exemple le fameux accord franco-algérien de 1968 qui facilite l’immigration en France, tout ça doit être supprimé, la période est passée, nous ne sommes plus dans l’après-indépendance», a-t-il déclaré.
«Aujourd’hui, nous devons absolument régler cette question et les pays [du Maghreb] doivent reprendre leurs clandestins, doivent reprendre leurs délinquants, qui sont leurs ressortissants. Je ne comprends même pas qu’ils ne le fassent pas ; signer les fameux laissez-passer pour les reprendre chez eux, ça me paraît le moindre respect pour la France. S’ils ne le font pas, la France usera de ses moyens de pression, ce qu’elle ne fait jamais», a-t-il menacé.
Comment ? «Je supprimerai l’aide au développement ; si cela ne suffit pas, je supprimerai les visas de tourisme pour tous les gens de ces pays ; si cela ne suffit pas, je saisirai les biens des dirigeants de ces pays en France et, si cela ne suffit pas, je bloquerai les fonds de la Western Union envoyés par les familles de France vers leurs familles d’origine. Je serai désolé d’utiliser ces moyens, je n’ai pas du tout envie d’utiliser ces moyens, mais il faut que les dirigeants de ces pays cessent de se moquer de la France et reprennent leurs clandestins et leurs délinquants», a mitraillé le descendant de pieds-noirs auxquels le décret Crémieux a pleinement profité.
Le candidat à la succession d’Emmanuel Macron pense que «c’est la faiblesse française qui provoque les relations acerbes» entre Alger et Paris. «C’est parce que les Français sont faibles que les Algériens ne les respectent pas, parce que les dirigeants français sont faibles et qu’ils sont dans la repentance», a-t-il justifié. «Moi, j’ai toujours dit que la colonisation française a été une bénédiction pour moi et ma famille et je le dirai en face aux dirigeants du FLN», a-t-il défié, son calendrier visiblement bloqué quelque part entre 1954 et 1962.
A. S.
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