Impératif changement
Par Abderrahmane Mebtoul – Selon le FMI, les tensions en Ukraine affecteront l’économie mondiale en ralentissant la croissance et en provoquant une hausse de l’inflation et une crise alimentaire nécessitant de repenser de nouveaux mécanismes de régulation sociales. Cela interpelle l’économie algérienne fortement connectée à l’économie mondiale. A plus long terme, les tensions actuelles pourraient modifier fondamentalement l’ordre économique et géopolitique mondial si le commerce de l’énergie se modifie, si les chaînes d’approvisionnement se reconfigurent, si les réseaux de paiement se fragmentent et si les pays repensent leurs réserves de devises, ce qui pèse sur la reprise et alimente l’inflation.
Une très grave crise alimentaire se profile du fait des tensions en Ukraine où la rubrique biens alimentaires pour l’Algérie a été de plus de 8 milliards de de dollars entre 2020 et 2021, selon les statistiques douanières. Cela peut aller, en 2022, à une importation de la même quantité physique entre 12 et 13 milliards de dollars, sans compter les autres rubriques, épongeant les recettes d’hydrocarbures additionnelles, impactant ainsi la relance économique avec des incidences sociales.
L’Algérie fait partie de ce monde tumultueux et instable, largement connectée à l’économie mondiale via la rente des hydrocarbures, principale ressource en devises. Le monde de demain, après l’épidémie du coronavirus et les tensions en Ukraine, ne sera plus jamais comme avant. Avec la crise ukrainienne qui, si elle n’est pas résolue, peut provoquer une très grave crise économique mondiale, le monde devrait s’orienter vers un nouveau modèle géostratégique, culturel, social et économique, induisant de nouveaux comportements, plus de solidarité sociale, de nouveaux segments créateurs de valeur ajoutée, comme l’intelligence artificielle, le digital, les économies d’énergie et le développement des industries écologiques afin d’éviter une catastrophe planétaire. Dans le domaine de l’emploi, avec l’arrêt de la machine économique, le taux de chômage explose à travers le monde, ce qui pousse à imaginer d’autres mécanismes de régulation et de solidarités pour éviter des implosions sociales.
Cette situation n’est pas propre à l’Algérie qui a toutes les potentialités de sortie de crise sous réserve d’éviter d’appliquer des schémas théoriques déconnectés des réalités. Des actions concrètes, une planification stratégique, plus de morale et une mobilisation de toutes les compétences nationales sont impératives.
A. M.
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