Les étudiants bloquent les campus en France : vers un nouveau Mai 68 ?
Par Nabil D. – Un blocus des universités s’organise en France pour contester les résultats de la présidentielle. Sous le slogan «Ni Macron ni Le Pen», la communauté estudiantine compte rééditer la révolution de Mai 1968, en manifestant leur rejet du régime politique dit démocratique qui fausse les résultats des élections en raison d’un système électoral qui maintient les mêmes forces et les mêmes politiciens dans le champ politique depuis des décennies.
Jusqu’où iront les étudiants dans leur fronde ? La protesta a commencé dans la mythique université parisienne de la Sorbonne, dans le quartier Latin, celui-là même qui a vu les philosophes Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir conduire le train du changement.
Le premier tour de la course à l’Elysée a, sans surprise, qualifié le président sortant et la cheffe de file du Rassemblement national que les défections surmédiatisées n’ont pas empêché sa présidente de talonner le candidat à sa propre succession et qui n’a jamais été aussi proche de la victoire finale. Le sort des deux rivaux se joue aux consignes de vote de Jean-Luc Mélenchon, avec ses près de 22% de voix et d’Eric Zemmour qui restituera ainsi ses électeurs à Marine Le Pen.
Le mouvement des étudiants semble s’inscrire dans la durée et risque de faire vivre à la France un nouvel épisode d’instabilité après celui des Gilets jaunes dont la lutte pour les droits des classes défavorisées, qui voient leurs rangs enfler d’année en année, n’a connu qu’un répit et peut reprendre à n’importe quel moment.
Le second tour s’annonce houleux et pourrait même se tenir dans des conditions incertaines qui en invalideraient les résultats. La présidentielle de cet avril 2022 risque de marquer un tournant décisif dans la vie politique française, après un premier virage amorcé en 2017, avec l’avènement au pouvoir d’un Emmanuel Macron adoubé par la finance, devenue un attribut essentiel de la puissance. Le successeur de François Hollande allait bouleverser l’ordre établi en balayant les deux partis traditionnels qui se relayaient au pouvoir depuis le libéral Valérie Giscard d’Estaing, élu en 1974 face au dernier gaulliste Jacques Chaban-Delmas et à son successeur, sept ans plus tard, le socialiste François Mitterrand, jusqu’au dernier président de gauche dont le parti vient de rendre l’âme avec un rachitique 1,7% pour sa candidate, Anne Hidalgo.
De quoi la France de l’après-24 avril sera-t-elle le nom ? D’espoirs derrière les barricades et sous les pavés ou de résignation face à un système politico-médiatique indéboulonnable bien que de plus en plus impopulaire ?
N. D.
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