Le pari majeur
Par Abderrahmane Mebtoul – Lors de la commémoration de la Journée du savoir, le président de la République a indiqué que l’Algérie est appelée à anticiper l’avenir à travers une profonde compréhension de la réalité de cette ère, des exigences de la vie, la maîtrise des connaissances, des savoir-faire et des applications technologiques, tout en demeurant attachés à l’authenticité et à la modernité. Il faut éviter des discours triomphalistes démentis par la dure réalité.
Aussi un grand défi attend-il l’Algérie si elle ne veut pas rater le train de la quatrième révolution technologique et économique mondiale avec d’importants impacts géostratégiques sur la nouvelle recomposition du pouvoir mondial, où, tant au classement des meilleures universités du monde en 2021 qu’à la lecture des 132 pays concernés par l’indice de l’innovation 2021, on retrouve l’Algérie à la 120e place, étant ainsi en marge en matière d’innovation.
Le monde est en plein bouleversement avec l’inévitable transition énergétique et numérique, en plus des tensions géostratégiques, comme en témoigne l’actuel conflit en Ukraine. Concilier l’efficacité économique et une profonde justice sociale dans le cadre d’une économie ouverte, la maîtrise du temps étant le principal défi des gouvernants au XXIe siècle, constitue, en fin de parcours, le défi principal de l’Algérie.
Force est de constater qu’au moment où les entreprises grandes et PMI/PME s’organisent en réseaux correspondant à une phase historique, où l’entreprise tend à se concentrer sur ses métiers de base en externalisant bon nombre d’activités secondaires, où l’industrie manufacturière connaît une crise rarement égalée au niveau mondial, l’Algérie cherche toujours sa voie faute de vision stratégique. Il y a lieu d’éviter des expérimentations théoriques avec des coûts faramineux pour le pays, qui ne peut que conduire à l’impasse. La bonne gouvernance et le savoir avec la stabilité de l’environnement politique, économique et social sont déterminants, selon l’ensemble des rapports internationaux. Ils constituent les éléments déterminants du développement des nations.
Toute analyse opérationnelle devra relier le processus de transfert de technologie tant aux nouvelles mutations au niveau mondial, qui doivent entraîner un profond changement à la fois géopolitique, socio-économique, managériale et technologique que de la future politique du gouvernement ballottée entre deux forces sociales : la logique rentière épaulée par les tenants de l’import et de la sphère informelle, malheureusement dominante, et la logique entrepreneuriale minoritaire.
En fait, le transfert de technologie ne saurait se limiter à l’aspect technique, mais renvoie à l’organisation de la société algérienne. Le passage de l’Etat de «soutien contre la rente» à l’Etat de droit «basé sur le travail et l’intelligence» est un pari politique majeur car il implique tout simplement un nouveau contrat social et un nouveau contrat politique entre la nation et l’Etat.
A. M.
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