Parution de Syrie (2011-2021) : chronique d’une guerre sans fin de René Naba
Le journaliste, spécialiste du monde arabe et directeur du site Madanïya.info, René Naba, vient de sortir son livre, intitulé Syrie (2011-2021) : chronique d’une guerre sans fin, paru ce mois-ci, dans lequel il revient sur la guerre en Syrie et les déboires de l’OTAN. Ce livre se veut une lecture à contre-courant d’une vision occidentale erronée, soulignant le début de la fin de l’hégémonie de l’Occident dans le monde et les dérives d’une France en déclin. Par ailleurs, Naba rappelle la relation de longue date entre l’Algérie et la Syrie.
René Naba – La Syrie aura l’occasion de rendre la monnaie de sa pièce à la France, dans une riposte oblique en trois temps :
– La première fois, lors de la guerre d’indépendance de l’Algérie, précisément, dans le prolongement de l’hospitalité accordée au chef nationaliste algérien Abdel Kader Al-Djazaïri. Le premier groupe de volontaires arabes à rallier la Révolution algérienne a été un groupe de baâthistes syriens mus par un sentiment de solidarité panarabe, parmi lesquels figuraient Noureddine Atassi, futur président de la République, et Youssef Al-Zouayen, futur ministre des Affaires étrangères, qui trouveront d’ailleurs, tous les deux, asile en Algérie à leur éviction du pouvoir.
Au-delà de la solidarité témoignée lors de la Guerre d’indépendance de l’Algérie, la Syrie et l’Algérie sont les deux principaux pivots de la présence russo-chinoise en Méditerranée sur le flanc sud de l’OTAN. L’axe Damas-Alger, aux deux extrémités de la mer Méditerranée, constitue le centre de gravité pérenne du militantisme arabe pro-palestinien, depuis la défection de l’Egypte et sa cavalcade solitaire vers la paix avec Israël. De surcroît, l’Algérie et la Syrie sont les deux pays arabes, – avec le Liban du fait de la présence du Hezbollah – à mener une politique étrangère qui préserve les intérêts à long terme du monde arabe et, à ce titre, partenaires privilégiés des grandes puissances contestataires à l’ordre hégémonique occidentale la Chine, la Russie, l’Iran, et l’Afrique du Sud pour le continent noir.
Lors de la guerre de Syrie, pas un terroriste algérien ne s’est rendu depuis l’Algérie pour combattre la Syrie, de l’aveu d’un des opposants de première heure au régime baâthiste. L’affaire avait été fermement verrouillée par les appareils sécuritaires des deux pays. Les rares islamistes algériens qui avaient combattu en Syrie sont des Algériens de la diaspora, tout comme ceux qui ont commis des actes terroristes dans les pays occidentaux sont des Algériens titulaires d’une double nationalité, que cela soit les Frères Kouachi (attentat de Charlie Hebdo), Hedi Nemmouche (geôlier d’otages français dans le nord de la Syrie) ou même Mohamad Merah (Toulouse).
L’Algérie a effectué un retour remarquable sur la scène diplomatique internationale en obtenant, en tandem avec l’Afrique du Sud, la suspension d’Israël du statut d’observateur au sein de l’Union africaine, formant dans la foulée une task force avec l’Afrique du Sud, le Nigeria et l’Ethiopie pour prévenir des turbulences futures au sein de l’organisation africaine. Il importe désormais à l’Algérie de poursuivre dans cette voie et de déployer une plus grande voilure en adhérant au groupe de Shanghai, le nouveau pôle de référence d’un monde multipolaire en devenir.
AP
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