Macron se rendra-t-il en Algérie ou enverra-t-il son futur Premier ministre ?
Par Abdelkader S. – L’entretien téléphonique que le président Tebboune a eu hier [jeudi] avec son homologue français, Emmanuel Macron, fraîchement réélu, n’est pas fortuit. Il intervient dans un contexte tendu aussi bien en France que dans toute l’Europe dont la France assure la présidence tournante en plein conflit armé en Ukraine, dans lequel l’Union européenne s’est clairement positionnée aux côtés du régime de Kiev. Il intervient aussi au lendemain de pas moins de quatre reports d’une visite du Premier ministre Jean Castex en Algérie en raison, à chaque fois, de différends nés de propos maladroits tenus à Paris ou de décisions incongrues qui ont provoqué la colère des autorités algériennes.
Il est de coutume qu’un président français consacre son premier déplacement à l’Algérie, premier partenaire stratégique de la France hors Europe. Des observateurs avertis n’ont, d’ailleurs, pas manqué de mettre notre pays sur un même pied d’égalité que l’Allemagne dans les rapports prioritaires que Paris entretient avec ses voisins, Alger et Berlin étant la locomotive respectivement du Maghreb en tant que puissance régionale et porte d’entrée au continent africain et de l’Europe dont elle [l’Allemagne] domine l’économie avec son gigantesque complexe industriel. Emmanuel Macron prépare-t-il une visite en Algérie ou a-t-il déjà reprogrammé celle du prochain locataire de Matignon qu’il s’apprête à nommer après sa réélection à l’Elysée pour un second mandat ?
De nombreux dossiers demeurent en suspens, lesquels devaient être discutés dans le cadre de la réunion de la Commission intergouvernementale de haut niveau algéro-française. La situation urge et la guerre qui fait rage dans l’est de l’Europe et qui risque de s’étendre à l’ensemble de la planète au vu de l’attitude belliqueuse du président américain qui souffle sur le brasier, fait que l’Algérie et la France ont des positions diamétralement opposées sur ce nouveau dossier qui s’ajoute à tous ceux sur lesquels aucun accord possible entre Alger et Paris n’est envisageable. Il en va ainsi de la question sahraouie, du terrorisme dans le Sahel, du risque de reprise de la guerre civile en Libye et du vain plan de déstabilisation en Syrie.
Jean Castex devait se rendre en Algérie en avril 2021, en compagnie d’une dizaine de membres de son gouvernement. Le Journal Du Dimanche s’était interrogé, à l’époque, si «la France et l’Algérie peuvent avoir un agenda positif». La question demeure d’une brûlante actualité, tant les relations entre les deux pays ont traversé une zone de turbulences si grave que les autorités algériennes avaient dû rappeler l’ambassadeur d’Algérie à Paris et interdire l’espace aérien algérien aux avions de transport militaire français.
Dans une interview à Canal Algérie, l’ambassadeur d’Algérie à Paris, Mohamed-Antar Daoud, avait dénoncé, quelques jours auparavant, des lobbies qui «travaillent contre une entente cordiale entre l’Algérie et la France». «C’est une action qui consiste à contrecarrer tout effort de développement entre les deux pays», avait-il fait remarquer, en rappelant les principes immuables de l’Algérie en politique étrangère : le droit à l’autodétermination des peuples, la non-interférence dans les affaires intérieures des autres Etats et le respect des frontières héritées au moment de l’indépendance. «De par ses principes, l’Algérie dérange énormément», avait-il souligné.
Depuis, la situation n’a pas vraiment évolué.
A. S.
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