Tel-Aviv va fournir des missiles à longue portée à Rabat : à quoi joue le voisin ?
Par Nabil D. – Des médias spécialisés en matière de défense se sont fait l’écho d’un nouvel accord entre Rabat et Tel-Aviv pour renforcer les arsenaux de l’armée de Mohammed VI en missiles de croisière de type Delilah, fabriqués par le constructeur israélien Elbit Systems, ayant une portée de 250 kilomètres et pouvant être tirés à partir d’avions ou d’hélicoptères de combat. L’accord a pu être conclu grâce au forcing du lobby juif pro-marocain en Israël, qui exerce une grande influence sur le ministère de la Défense et, plus généralement, sur le gouvernement, indique-t-on. L’objectif annoncé par les deux pays serait une «augmentation de la confiance» entre les régimes marocain et israélien après la normalisation, outre le développement des capacités militaires des forces royales marocaines.
La menace sur l’Algérie se précise de plus en plus, si bien qu’Israël s’apprête également à implanter deux usines de montage de drones kamikazes au Maroc. Les appareils dont l’Etat hébreu compte doter l’armée marocaine et d’autres Etats africains alliés, sont destinés à mener des opérations militaires, mais aussi à collecter des renseignements, selon Shephard Media qui précisait, il y a quelques mois, que le régime de Rabat a acquis le système de défense antiaérien israélien. Le site qui traite des questions d’armement avait précisé, au lendemain de la signature de l’acte d’allégeance du Makhzen à l’entité sioniste, que Rabat était «sur le point de se procurer une gamme d’équipements de défense israéliens dans le cadre d’un protocole d’accord récemment signé», en s’interrogeant : «Qu’est-ce que Rabat espère réaliser ?»
«Après qu’Israël et le Maroc ont signé un protocole d’accord le 24 novembre pour une coopération renforcée en matière de défense et de partage de renseignements, Shephard Media a obtenu la confirmation de plusieurs sources que le pacte de sécurité prévoyait également une coopération sur la fabrication sous licence d’UAV, y compris des munitions flottantes, l’achat de la technologie C-UAS de la société israélienne Skylock et l’achat de missiles antiaériens Barak 8», précisait le site anglophone, selon lequel «certaines de ces informations confirment une publication du 21 novembre sur la page Facebook officielle des forces armées marocaines, qui précisait que le ministère de la Défense avait acheté Skylock Dome ainsi que quatre systèmes C-UAS supplémentaires, dans le but de renforcer sa capacité à identifier et neutraliser les drones».
«Ce n’est pas la première fois que le Maroc achète des systèmes sans pilote à Israël, car Shephard Defence Insight note que Rabat a acquis quatre drones multi-rôles MALE Elbit Hermes 900 plus tôt cette année [2021], bien qu’aucun de ces avions n’ait été vu en service, ce qui suggère qu’ils n’ont pas encore été livrés», ajoutait le site qui notait que le Maroc «a l’intention non seulement d’étendre sa flotte de drones, comme en témoignent deux accords cette année pour l’achat de Bayraktar TB2, mais également d’accroître ses capacités de production nationales via le transfert de technologie».
Israël se donne ainsi pour mission d’armer le Maroc et de moderniser ses équipements militaires vieillissants dans ce qui semble être une préparation à un conflit armé dans la région, les objectifs des deux Etats étant clairement tournés vers l’Algérie voisine qu’Israël cherche à provoquer en recourant à une guerre par procuration.
Algeriepatriotique avait attiré l’attention sur la présence de trois sociétés israéliennes spécialisées dans les domaines de la défense et des télécommunications qui allaient s’implanter au Mali. Il s’agit d’IAI, Elbit et Mer qui ont réussi à décrocher le contrat de protection périmétrique de la Minusma, au Mali. Ces sociétés «visent désormais les quelque quarante bases de maintien de la paix onusiennes dans le monde, dont certaines sont situées au Proche-Orient», précisait Africa Intelligence. Les trois firmes en question sont spécialisées dans l’aéronautique, le soutien logistique, la sécurité et les télécommunications.
Le commandement de l’armée algérienne, conscient de ce blocus qui est en train de se mettre en place autour du pays, avait lancé une sévère mise en garde, tout en invitant les Algériens à «se tenir prêts à faire face à la menace sur la sécurité de la région».
N. D.
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