Exclusif–Giuseppe Conte : «Le président Tebboune sera le bienvenu en Italie !»
L’ancien président du Conseil italien et actuel président du Mouvement 5 Etoiles, Giuseppe Conte, a animé un point de presse très attendu, durant lequel il a abordé plusieurs thèmes de politique nationale et internationale et tracé les contours de sa position au sujet de l’envoi d’armes en Ukraine. Une question sensible en Italie qui risque à tout moment de provoquer une fissure entre les partis qui soutiennent le gouvernement de Mario Draghi dont, précisément, le Mouvement 5 Etoiles qui en est un des axes portants. L’occasion était propice pour nous de poser quelques questions ayant trait aux relations algéro-italiennes, à quelques jours de la visite d’Etat du président Abdelmadjid Tebboune en Italie. Interview.
Algeriepatriotique : Le président Abdelmadjid Tebboune sera à Rome dans une dizaine de jours. Quel commentaire faites-vous de cette visite ?
Giuseppe Conte : Le président Tebboune sera reçu avec tous les égards, c’est un grand ami de l’Italie. Je l’ai rencontré plusieurs fois et j’ai toujours apprécié l’amitié et le respect qu’il voue pour mon pays.
Vous avez été parmi les principaux promoteurs du partenariat stratégique entre nos deux pays…
Mattarella et Tebboune, en premier lieu, ont voulu ce partenariat et ont chargé les gouvernements respectifs de le mettre en orbite, si je puis m’exprimer ainsi. J’ai donc suivi, de manière enthousiaste, je l’avoue, ce cheminement tracé par les deux chefs d’Etat et, en dépit de la pandémie du Covid-19 qui a considérablement ralenti sa mise en œuvre, notre partenariat se porte bien et ira crescendo.
Qu’est-ce qui caractérise ce partenariat ?
Tout d’abord, notre histoire commune. Nous sommes deux peuples à l’histoire plurimillénaire, nous faisons partie de ce creuset commun qu’est la Méditerranée, cet espace qui, au cours des siècles, a façonné nos cultures et nos approches avec les autres mondes. Par ailleurs, l’Algérie est un grand pays et sa voix est écoutée et appréciée en Méditerranée et en Afrique. Nous avons aussi un message à l’endroit d’autres espaces géographiques, un message inclusif et porté sur la paix, la justice et sur des relations internationales concertées. Nous avons, enfin, des atouts et nous comptons les exploiter pour l’avenir de nos deux peuples.
L’Algérie, avec la mission de la Ligue arabe, essaie d’aboutir à une mouture portant à la fin du conflit en Ukraine. Comment appréciez-vous cette démarche ?
Je suis avec beaucoup d’intérêt l’action de votre diplomatie qui est allée en Ukraine, en Russie et a reçu Sergueï Lavrov tout récemment à Alger. C’est la voie à suivre. Nous devons entamer la seconde phase et permettre aux deux parties de mettre fin aux hostilités et les aider à entrevoir la voie la plus rapide pour un retour à des relations apaisées entre les deux nations.
Cela dit, vous vous opposez à l’envoi d’armes en Ukraine…
Comme j’ai eu à vous le dire, nous devons entamer une seconde phase faite d’initiatives diplomatiques, celle du Pape François de par son autorité morale a beaucoup de chances d’aboutir à un compromis entre les deux camps. Tous les efforts allant dans ce sens sont les bienvenus, mais nous devons insister avec nos amis américains pour qu’ils comprennent que l’Europe a beaucoup à perdre et a besoin de passer à autre chose.
L’envoi d’armes est un choix que mon parti ne partage pas, je l’ai dit clairement à Draghi qui, d’ailleurs, durant sa rencontre avec le président américain Joe Biden, a longuement évoqué la voie négociée. C’est un bon début et nous devons aller dans cette direction.
Propos recueillis à Rome par Mourad Rouighi
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