Enjeux sécuritaires des cyberattaques et de la guerre de l’eau sur l’Algérie (III)
Une contribution d’Abderrahmane Mebtoul – Autres enjeux majeurs pour l’Algérie qui ont un impact sécuritaire, les cyberattaques et la maîtrise de la gestion de l’eau. Le XXIe siècle sera caractérisé par une profonde reconfiguration géostratégique tant dans le domaine militaire, sécuritaire, social, culturel qu’économique. Une intéressante étude réalisée par Jeanne Mercier, de la société BBI, le 4 mai dernier, sur les cyberattaques ayant touché l’Etat et les entreprises note qu’au moment où ces crimes se multiplient le gouvernement et les firmes françaises commencent à prendre conscience de l’ampleur du phénomène et des risques encourus. La sensibilisation des employés, la formation universitaire et plus de moyens financiers au niveau étatique sont des solutions mises en œuvre pour lutter contre cette menace.
Cette enquête aboutit à plusieurs constats. Une progression des cyberattaques entre 2019 et 2020 de l’ordre de 255%. Durant le confinement, les tentatives de phishing ont augmenté de 400%. En 2021, 54% des entreprises ont subi des cyberattaques. 20% ont été touchées par un ransomware, le coût médian d’une cyberattaque étant évalué à environ 50 000 euros. Les pertes subies par les PMI/PME les plus vulnérables ont été de 27%. 47% des télétravailleurs considèrent qu’ils se sont fait piéger par un phishing. Les entreprises ayant déclaré le phishing comme vecteur d’entrée principal pour les attaques subies ont été de 73%. Enfin, 55% des entreprises considèrent que le niveau d’attaque est élevé, mais seulement 40% ont investi pour se protéger. A ce titre, le chef d’état-major de l’ANP, dans ses différentes interventions, a mis en relief, s’agissant de l’Algérie, l’importance de ces attaques qui menacent la sécurité nationale.
Mais cela ne concerne pas seulement les cyberattaques. L’importante rencontre organisée par le ministère de la Défense nationale, le 6 mai dernier, sur la problématique de l’eau a démontré comment l’or bleu a un impact sur la sécurité alimentaire. C’est que l’eau, au XXIe siècle, est devenue un enjeu stratégique et sécuritaire. Un milliard d’individus vivent dans des zones soumises à pénurie avec une prévision de 3.4 milliards en 2030. 150 millions de Sahéliens ont vu leurs ressources hydriques diminuer de 40% depuis 2000, tandis que l’ONU prévoit une sécheresse sans pareille qui frappera l’Afrique du Nord à l’horizon 2025-2030.
Cela pourrait provoquer des conflits armés, comme en témoigne le différend actuel entre l’Egypte et l’Ethiopie qui prend sa source au barrage de la Renaissance et concentre 85% du volume du Nil. Entre la Syrie et la Turquie aussi, le Tigre et l’Euphrate concentrent les tensions, en dépit d’un accord de partage qui remonte à 1987. Tout comme entre la Chine, l’Inde et le Bangladesh autour du fleuve Brahmapoutre (cf. Franck Galland, Guerre et Eau, éditions Robert Laffont).
Selon l’Unesco, «les pénuries et les problèmes d’accès à l’eau sont susceptibles de limiter la croissance économique, surtout, près de 700 millions de personnes n’ont pas accès à une eau propre et salubre et 2 milliards auraient besoin d’accéder à un assainissement amélioré».
Ce constat alarmant appelle un discours de vérité et des planifications stratégiques qui doivent animer les principaux responsables pour éviter les erreurs du passé.
A. M.
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