La guerre d’Algérie plane sur l’armée française engagée de force en Ukraine
Par Kamel M. – «Nous ne sommes pas certains que les Français qui se sont habitués à voir des militaires professionnels mourir au combat vont se satisfaire de l’éventualité d’être amenés à pleurer un des leurs [en Ukraine], comme beaucoup de parents l’ont fait lors de la guerre d’Algérie», alerte une association d’anciens militaires français dans une lettre au vitriol adressée au président Emmanuel Macron.
La Fédération des OPEX de France, qui regroupe les soldats ayant participé à des opérations militaires extérieures, dénonce avec vigueur l’attitude des politiciens français qu’ils jugent méprisante à l’égard d’une armée, qu’elle décrit comme partant à la dérive, insuffisamment équipée et formée pour mener une guerre, quelle qu’elle soit. Elle s’élève avec force, par ailleurs, contre la violation par le pouvoir français des textes réglementaires relatifs au transfert d’armes à un pays en guerre. «Nous sommes particulièrement étonnés de la manière dont notre pays transmet des armes à l’Ukraine alors que ce pays est en conflit avec un autre pays», s’indignent ces anciens officiers «commandés» par le colonel Daniel Péré.
Les auteurs de la lettre au locataire de l’Elysée et à son ministre des Armées se réfèrent aux lois régissant la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et la Politique de sécurité de défense commune (PSDC) qui stipulent que «les Etats membres sont déterminés à empêcher les exportations de technologie et d’équipements militaires qui pourraient être utilisés à des fins de répression interne ou d’agression internationale, ou contribuer à l’instabilité régionale», estimant que «ces bases semblent parfaitement adaptées à la situation actuelle». «La situation de l’Ukraine et l’évolution du conflit n’offrent absolument pas les garanties nécessaires pour que de l’armement lui soit livré», mettent en garde ces anciens militaires, dont un grand nombre d’officiers, qui craignent que la France soit incapable «d’assurer le suivi, le contrôle et l’évaluation de l’utilisation de l’armement fourni».
Aussi invitent-ils le président Macron à «mettre instamment fin au transfert d’armes à l’Ukraine et de respecter stricto sensu les règles imposées par les décisions de l’Union interdisant de fournir des armes à un pays belligérant sans être en situation d’en assumer le contrôle et l’usage légal», tout en révélant, par ailleurs, l’état de délabrement des équipements dont dispose l’armée française qui se targue pourtant de faire partie des puissances mondiales dans le domaine. Ils expliquent le peu d’engouement des jeunes Français à s’engager par ces «matériels hors d’âge» qui font que leur sécurité lors des opérations hors des frontières «n’est pas assurée», d’autant que, poursuivent-ils, le niveau des jeunes Français «a lourdement baissé».
«Ne pas accéder à notre requête serait perçu comme une volonté de mettre notre pays dans une situation visant à l’amener à participer à une guerre dont le peuple ne veut pas», conclut la Fédération des OPEX de France qui joint ainsi sa voix aux nombreuses autres qui rejettent la position de vassal des Etats-Unis que le président Macron adopte dans le conflit russo-ukrainien.
K. M.
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