Belmehdi interrogé sur les milliards algériens versés à la Mosquée de Paris
Par Houari A. – Trop, c’est trop ! Les graves dérives des actuels gestionnaires de la Grande Mosquée de Paris retentissent jusqu’à Alger où, dit-on, la colère gronde au sommet de l’Etat quant au détournement de la vocation de cette institution religieuse à des fins politiques franco-françaises. «La Grande Mosquée de Paris a été transformée en un club privé où dîners d’affaires et rencontres corporatistes sont organisés de façon régulière, loin de toute considération liée à la foi et à la dévotion», dénoncent des sources proches du dossier.
«C’est, dès lors, tout à fait naturel que le Parlement se saisisse de cette question et que le ministre des Affaires religieuses soit interpellé pour connaître la destination des fonds que l’Algérie verse à cet organisme cultuel dont l’ambassadeur d’Algérie a rappelé à maintes reprises que c’était un bien algérien avant tout», relèvent nos sources, suite à la décision du député Abdelouahab Yagoubi de «soulever le problème d’une façon officielle, après les mille et une alertes lancées par des personnalités religieuses et par des médias, dont Algeriepatriotique, sans que le glissement entamé depuis janvier 2020 ait donné lieu à une quelconque mesure à l’encontre de ces responsables qui, au contraire, se complaisent dans leur dérive qui va à l’encontre des intérêts de l’Algérie».
«La Grande Mosquée de Paris jouit d’une place prépondérante en Algérie sur les plans politique et religieux, aussi l’Etat contribue-t-il à son financement de façon cyclique et conséquente», écrit le député dans sa question adressée au ministre en charge des Waqfs, ces biens placés sous séquestre, et donc inaliénables, dont la Mosquée de Paris fait partie. «Sur quelle base le choix du recteur de la Grande Mosquée de Paris se fait-il, quel est le montant de la subvention consacrée à cette institution et comment sont assurés le suivi des dépenses et le contrôle du budget ?» demande Abdelouahab Yagoubi à Youcef Belmehdi.
Le recteur de la Grande Mosquée de Paris s’est ouvertement prononcé en faveur d’un candidat à la dernière présidentielle française, rompant ainsi avec la neutralité de cette institution, fondée au milieu des années 1920, et se mettant en porte-à-faux avec les lois françaises régissant la laïcité. Par ailleurs, la proximité jugée «douteusement excessive» avec le lobby sioniste en France, incarné par le CRIF et la Licra, a soulevé de nombreuses interrogations, notamment en ce qui concerne un accord signé récemment qui détourne les plaintes contre l’islamophobie d’un organe déjà existant vers la Ligue contre l’antisémitisme. «Pourquoi des victimes devraient-elles recourir à une organisation connue pour défendre un autre culte pour dénoncer des actes antimusulmans ?» pestent des sources indignées par la soumission de ce prestigieux espace de paix et de tolérance à des cercles qui ont fait de la haine du musulman leur leitmotiv.
La question du député au ministre des Affaires religieuses pourrait être le déclic qui fera «enfin bouger les nôtres», espèrent nos sources, selon lesquelles «la ligne rouge a largement été dépassée deux ans et demi après l’accaparement du rectorat lors d’une assemblée générale extraordinaire illégale qui n’a, bien qu’ayant fait couler beaucoup d’encre, étrangement, pas été invalidée à ce jour».
H. A.
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