Conférence sur l’Emir Abdelkader au Mucem de Marseille
A l’invitation du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée (Mucem) de Marseille qui consacre, depuis le 6 avril jusqu’au 22 août 2022, une exposition mettant en lumière le parcours de l’Emir Abdelkader, une délégation algérienne a visité, le 27 mai 2022, cette manifestation exceptionnelle réunissant sur une surface de 1000 m2 près de 250 œuvres et documents qui illustrent les multiples facettes du héros algérien.
A cette occasion, une conférence didactique a été animée par le sénateur et écrivain Kamel Bouchama, sous le thème «Abdelkader, chevalier de la foi, apôtre de la fraternité, précurseur du droit international humanitaire» et ce, en présence d’Ahmed Rachdi, conseiller du Président de la République, chargé de la culture et de l’audiovisuel et de l’ambassadeur d’Algérie en France, Mohamed-Antar Daoud.
Dans une allocution prononcée avant la conférence, l’ambassadeur d’Algérie a tenu à remercier les organisateurs pour cette remarquable exposition qui se tient en cette année où le peuple algérien célèbre le 60e anniversaire de l’indépendance de notre pays. Soulignant l’existence de volonté politique de part et d’autre d’aller de l’avant, comme en témoignent les contacts réguliers entre les deux Présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, le diplomate algérien a invité les responsables du Mucem à examiner la possibilité d’exporter vers l’Algérie ladite exposition. Une initiative à encourager car elle est à même de permettre à nos compatriotes de mesurer la dimension de l’homme fondateur de l’Etat algérien et, surtout, la souffrance par laquelle il est passé pour devenir aussi grand et inscrire son nom dans l’histoire de notre pays et au-delà.
Concernant justement le parcours du fondateur de l’Etat algérien contemporain, l’ambassadeur Mohamed-Antar Daoud a mis en exergue les vertus d’un homme hors du commun, qui a empreint de sa personne et de sa sagesse le cours de l’Histoire. Un acte connu et reconnu à travers le monde entier comme en attestent les nombreux ouvrages dont il fait l’objet aussi bien de son vivant qu’après sa mort.
Pour sa part, le conférencier Kamel Bouchama a, dans sa communication, exposé les éléments d’Histoire qui retracent dans la tempérance les principales actions ainsi que les événements notables dans les deux principales étapes de la vie de l’Emir Abdelkader : celle qui a duré vingt ans, de 1832 à 1852, en Algérie et dans les prisons de France et la seconde qui s’est étendue sur trente ans de 1853 à 1883, hors de son pays, en exil en Turquie et en Syrie.
Bouchama considère que «le fondateur de l’Etat algérien moderne a rassemblé des qualités inspirées de la perfection. Il était mystique, pieux, poète, commandeur inégalé, prince équitable, chevalier galant, combattant humanitaire, intrépide et courageux». Revenant à la date du 23 décembre 1847 quand l’Emir a pris la décision d’arrêter le combat contre les forces de l’occupation coloniale en ayant à l’esprit le sort du peuple algérien, l’orateur appelle à «bannir» du langage commun le terme «reddition» car, souligne-t-il, le peuple était non seulement réduit à la famine, forcé à la fuite ou à la soumission aux forces d’occupation, mais aussi livré à l’extermination parce qu’il subissait une oppression singulièrement aveugle et sauvage.
Dans le même sillage, Bouchama a noté que l’Emir a subi également la déloyauté de ses frères arabes, citant plus particulièrement la trahison par le sultan Moulay Abderrahman (1822-1859) qui, par l’infâme «Traité de Tanger» en 1844, a reconnu la présence française en Algérie et a déclaré l’Emir, le chef algérien, «hors la loi».
La conférence a été suivie d’une série de questions-réponses. Les intervenants ont soulevé différents points liés, notamment, à l’enseignement de l’histoire aux jeunes générations et à la réconciliation des mémoires. En réponse, l’écrivain a souligné l’importance de la transmission de la mémoire sur la base de vérités historiques et de travaux des historiens et scientifiques.
Par ailleurs, et à l’initiative du consulat général d’Algérie à Marseille en coordination avec la compagnie nationale Algérie Ferries, une rencontre d’échanges autour de mets algériens a été organisée à bord du Badji Mokhtar 3 accosté au port de la ville phocéenne en présence de la délégation algérienne et des membres de la communauté nationale établie dans la région de la côte d’Azur. Ce rendez-vous a permis d’évoquer notamment le renforcement des liens avec la mère patrie.
R. C.
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