Du «méthane dans l’air» : les Américains cherchent-ils des noises à l’Algérie ?
Par Houari A. – Un article de Bloomberg résonne comme une mise en garde à peine voilée à l’endroit de l’Algérie, en raison de ses positions hostiles à la politique expansionniste et belliciste des Etats-Unis et de l’OTAN. Le think tank américain pointe, en effet, les émissions de gaz à effet de serre par les installations algériennes, ce qui pourrait, laisse-t-on entendre à Washington, remettre en cause l’achat par l’Europe de cette énergie fossile auprès de Sonatrach.
«Un champ gazier géant en Afrique du Nord sur lequel l’Europe compte pour combler son déficit d’importations russes risque de compliquer ses objectifs climatiques», fait remarquer Bloomberg sur son média éponyme, selon lequel «l’installation algérienne laisse échapper du méthane depuis près de quatre décennies, d’après une analyse des données satellitaires par des scientifiques de l’Université polytechnique de Valence, en Espagne, financée par Greenpeace.» Le décor est planté dès l’abord : la guerre en Ukraine où l’ancien bloc de l’Ouest s’est clairement engagé contre la Russie dans une guerre par procuration. La neutralité observée par Alger et son refus de voter une résolution excluant la Russie du Conseil des droits de l’Homme sous-tendent ce qui semble être des représailles sournoises, drapées dans un souci écologique.
Bloomberg reprend néanmoins les assurances du président-directeur général du géant pétrolier algérien qui a déclaré que les émissions dont il est question sont «de loin inférieures à ce qui est annoncé» et que Sonatrach a réduit les émissions de gaz torché de 9 à 3 milliards de mètres cubes par an, tout en précisant que la plus grande compagnie pétrolière d’Afrique «impose dans tous les contrats avec ses partenaires la récupération des gaz torchés». Bloomberg rappelle, à ce propos, que Toufik Hakkar a souligné qu’une réunion a eu lieu avec la Banque mondiale dont les estimations sur la méthodologie du groupe algérien ont été jugées «bonnes».
Pourquoi brandit-on la carte environnementale maintenant ? La réponse est dans le contexte de guerre actuel qui place l’Algérie en position de force. L’institut américain met cet aspect en exergue en précisant que notre pays «détient plusieurs atouts». Qualifiant cette situation de «dangereuse» pour les partenaires européens, Bloomberg allègue que «les efforts de l’Union européenne pour réduire sa dépendance aux combustibles fossiles russes la rendent plus dépendante des autres fournisseurs», comprendre l’Algérie sur laquelle «il est beaucoup plus difficile qu’avant» de faire pression, craint-on aux Etats-Unis où on voit clairement se dessiner un nouvel axe constitué de la Russie, de la Chine, de l’Inde, de l’Iran et de l’Algérie qui voit les richissimes pétromonarchies se rapprocher d’elle dans ce qui semble être un appel du pied indirect à son allié historique [la Russie] dans ce chambardement géopolitique provoqué par l’opération militaire russe qui engrange victoire sur victoire sur le terrain pendant que les médias et les hommes politiques occidentaux tentent, vainement, de faire croire le contraire à leurs opinions publiques, de moins en moins réceptives à une propagande totalement inefficace.
H. A.
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