Carnaval !
Par Abderrahmane Mebtoul – Voilà qu’à nouveau le ministre de l’Industrie annonce l’arrivée de grands constructeurs dans le secteur automobile à la faveur de la nouvelle loi sur l’investissement. Or, l’expérience montre que l’attrait de l’investissement national et étranger n’est pas seulement une question de lois mais de bonne gouvernance, laquelle offre une visibilité dans la démarche de la politique socio-économique. Il faut être réaliste et éviter des discours sans lendemain pour ce dossier sensible. Seule une décision politique pour lutter contre ce terrorisme bureaucratique peut débloquer cette situation.
Combien de ministres ont fait des promesses depuis plus de trois ans sans concrétisation ? Comme conséquence, le prix des voitures d’occasion a plus que doublé, ainsi que les pièces détachées, qui plus est introuvables et inaccessibles, laminant le pouvoir d’achat et constituant une des raisons des innombrables accidents.
Pour bon nombre d’observateurs nationaux et étrangers, nous assistons à un véritable carnaval. Que l’on tienne une fois pour toutes un langage de vérité à la population algérienne sur ce dossier sensible qui l’intéresse à plus d’un titre, du fait de la faiblesse des moyens de transport en commun et du vieillissement du parc automobile. Invoquer les économies de devises est vision purement monétariste sans vision stratégique qui n’est pas fiable.
L’industrie automobile, en pleine évolution, est devenue capitalistique. Les tours à programmation numérique éliminent les emplois intermédiaires, le nombre d’emplois directs et indirects créés devient marginal. Dans cette conjoncture de restructuration importante de cette filière avec une concurrence vive et des ententes entre grands groupes pour contrôler des espaces régionaux, il est difficile de trouver de véritables partenaires capables de produire selon les normes internationales, pour atteindre le seuil de rentabilité, entre 200 000 et 300 000 unités par an. Par ailleurs, pour exporter, il faut s’adapter aux nouvelles mutations technologiques mondiales qui favorisent les voitures hybrides ou solaires, sinon ce sera la faillite à terme.
Il faut donc changer de discours pour ne pas reproduire les fautes qui ont conduit le pays à l’impasse que nous connaissons actuellement. On se souvient qu’en août 2009, nous avions droit à la promesse d’une voiture algérienne à 100%. Nous avons eu droit à des discours changeants : une fois des contrats avec l’italien Fiat, une autre avec les Iraniens, puis avec les Chinois, ensuite avec l’Allemagne, la France, la Corée du Sud et même avec l’américain Ford.
A. M.
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