Vers la non-reconduction du contrat de livraison de gaz par l’Algérie à l’Espagne
Par Nabil D. – Les mesures de rétorsion décidées par l’Algérie vont crescendo. Après le rappel de son ambassadeur à Madrid et un délai donné au gouvernement socialiste de Pedro Sanchez de revenir sur son revirement hasardeux dans le dossier sahraoui, deux nouvelles punitions sont tombées hier soir, l’une consistant en la suspension du Traité d’amitié avec le royaume ibérique et l’autre mettant fin à toute importation de produits ou de services d’Espagne.
Si une source diplomatique algérienne a expliqué à Algeriepatriotique la raison qui a conduit le Haut Conseil de sécurité (HCS) à recourir à cette solution extrême, à savoir l’auto-glorification du président du gouvernement espagnol devant le Parlement, qui s’est vanté d’avoir vendu le Sahara Occidental au Maroc, il n’en demeure pas moins qu’une batterie de sanctions était envisagée dès le début de la crise, les autorités algériennes ayant choisi de procéder par étape dans l’espoir de voir les institutions espagnoles dénoncer la politique unilatérale de Pedro Sanchez qui avait, dès la publication de sa lettre au roi du Maroc par El-Pais, soulevé un tollé général dans le pays. Le président Tebboune avait, d’ailleurs, bien précisé que le problème ne se posait pas avec l’Espagne mais avec son pouvoir exécutif dont l’attitude fait qu’il n’est plus crédible. La source diplomatique algérienne a confirmé cette légèreté madrilène sous la conduite du parti socialiste qui n’augure pas des relations apaisées entre l’Algérie et l’Espagne.
L’Algérie a également attendu la signature de nombreux contrats avec le partenaire italien et les pays voisins, que sont la Tunisie et la Mauritanie, avant de donner le coup de grâce au désormais allié espagnol du Maroc dont tout indique qu’il a été poussé à la faute depuis que les services secrets espagnols ont confirmé que leurs homologues marocains ont espionné Pedro Sanchez à travers le logiciel israélien Pegasus. Que détient Mohammed VI sur les responsables politiques espagnols, sans doute habitués à se prélasser derrière les remparts d’argile battue de Marrakech ? En Espagne, en tout cas, on ne s’explique pas cette soumission brusque du chef de l’Exécutif et de son ministre des Affaires étrangères quelque temps à peine après l’invasion des enclaves de Ceuta et Melilla par des milliers de migrants marocains sur instigation assumée et explicite du Makhzen.
Une rupture du contrat gazier par l’Algérie et la fermeture du gazoduc Medgaz interviendrait dans un contexte délicat pour les pays européens qui ont choisi de suivre la voie tracée par Washington dans le conflit qui oppose la Russie et l’Ukraine. Le gouvernement espagnol semble ne pas prendre très au sérieux la mise en garde du directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) qui, dans un récent entretien au très sérieux quotidien allemand Der Spiegel, avertissait que l’Europe occidentale et les Etats-Unis risquaient de se retrouver sans carburant ni électricité dès cet été. Comment Pedro Sanchez compte-t-il pallier ce déficit en énergie, lui qui comptait revendre le gaz algérien en catimini à ses maîtres-chanteurs marocains ?
On le saura peut-être quand l’Algérie fermera le robinet, une fois le contrat la liant à l’Espagne arrivé à expiration. A moins que le roi Felipe, le Parlement et l’opposition poussent le téméraire socialiste vers la porte de sortie avant que le pays plonge dans le noir.
N. D.
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