L’Algérie accuse Borrell de défendre les intérêts de Madrid au détriment de l’UE
L’Algérie accuse l’Espagnol Josep Borrell de faire passer les intérêts de son pays à Bruxelles avant ceux de l’Union européenne. «D’évidence, la prétendue suspension des relations commerciales et d’investissement avec l’Espagne, étalée dans les déclarations officielles européennes, est précipitamment invoquée sans aucun fondement, et les instances communautaires européennes ne disposent en l’occurrence d’aucune base juridique pour établir leur compétence en la matière. Cette intrusion malencontreuse est le fait d’une personnalité manifestement commise à l’amplification des thèses de sa diplomatie nationale au détriment de la préservation des intérêts bien compris de l’UE au sein de laquelle l’Algérie s’honore de compter de nombreux amis et partenaires fiables et responsables», a regretté le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué rendu public ce samedi.
«Cette intrusion, insiste le ministère des Affaires étrangères, est d’autant plus douteuse et paradoxale qu’elle prend la consistance d’une vaine tentative de pression sur un pays du Sud jaloux de son indépendance nationale lorsqu’on la compare avec la posture circonspecte de la Commission européenne dans le cas récent d’un contentieux commercial majeur concernant un Etat-clé de l’Union qui a été amené à rappeler ses ambassadeurs auprès de deux Etats développés non européens avec lesquels il était en conflit d’intérêts».
«L’Algérie déplore et rejette les déclarations hâtives et infondées faites, vendredi, au nom de l’Union européenne à la suite de la décision, souveraine, de suspendre le Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération la liant à l’Espagne», souligne le communiqué, en pointant une «précipitation» et un «parti-pris» de ces déclarations qui «mettent en évidence le caractère inapproprié de leur contenu, s’agissant d’un désaccord politique avec un pays européen de nature bilatérale n’ayant aucune incidence sur les engagements de l’Algérie à l’égard de l’UE et ne nécessitant par voie de conséquence nullement le déclenchement d’une quelconque consultation européenne aux fins de réaction collective».
«Il convient, dans ce contexte, de rappeler que la décision de suspendre le Traité algéro-espagnol d’amitié, de bon voisinage et de coopération répond à des considérations légitimes, qui tiennent pour l’essentiel à ce que le partenaire se soit délié d’obligations et de valeurs essentielles inscrites dans ce Traité, prenant ainsi la responsabilité de vider cet instrument juridique de sa substance et de mettre en cause sa pertinence dans les relations entre les deux parties audit traité», poursuit le communiqué, tout en soulignant que le gouvernement algérien «a pris soin de préciser publiquement la portée de la mesure conservatoire qu’il a été amené à prendre pour préserver des intérêts suprêmes, d’ordre moral et stratégique, du pays face à des actes attentatoires à l’objet et à la finalité du Traité».
Le communiqué qualifie les «insinuations et interrogations» relatives à la question de l’approvisionnement de l’Espagne en gaz de «fantaisistes et malveillantes», d’autant, explique-t-on, que «cette question qui concerne des entreprises des deux pays sur des bases strictement commerciales ne se pose nullement dans le contexte des relations énergétiques avec les autres acquéreurs de gaz algérien dans l’espace euro-méditerranéen qui s’acquittent de leurs obligations contractuelles avec la même bonne foi que l’Algérie».
H. A.
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