Arnaud Montebourg : «Non, la France n’est pas l’ennemi éternel de l’Algérie !»
Par Houari A. – «La France n’est pas l’ennemi traditionnel et éternel de l’Algérie ! Ces deux-là peuvent devenir, au contraire, les meilleures amies du monde. Les Français d’aujourd’hui, dans leur immense majorité, souhaitent avoir de bonnes relations avec l’Algérie. Faut-il rappeler que 90,8% des Français ont approuvé par référendum, en 1962, l’indépendance de l’Algérie et la coopération avec la France ?» écrit le président de Association France-Algérie, dans une déclaration rendue publique ce jeudi.
Arnaud Montebourg appelle notamment à «cesser d’être prisonniers d’un passé dramatique dont nous ne fûmes pas les acteurs». «Prenons au contraire le risque de nous engager dans des projets d’avenir, dans le domaine agricole, industriel, énergétique, technologique, numérique, universitaire, dans la coopération en matière de santé, dans les coéditions, les productions cinématographiques conjointes», insiste l’ancien ministre de l’Economie sous François Hollande. «La confiance que fait naître la coopération et le travail en commun permettront de mieux nous comprendre : le respect des mémoires est à notre portée», a-t-il poursuivi, en estimant que «le passé ne doit pas être oublié, mais c’est en construisant l’avenir que nous serons à la hauteur des devoirs qu’inspirent ceux qui se sont battus pour la liberté». «2022 va marquer le soixantième anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, et je forme des vœux pour qu’ainsi s’engendre un nouveau départ de nos relations fondé sur l’amitié, l’estime, le respect», a encore écrit Arnaud Montebourg.
Le président de l’Association France-Algérie, tout en notant que «la relation entre la France et l’Algérie n’a cessé d’être présente dans le débat qui a précédé notre élection présidentielle [française, ndlr et que «certains ont manifesté ouvertement leurs nostalgies du passé colonial», a souhaité qu’Algériens et Français se «projettent vers l’avenir»vers l’avenir» et « bâtissent des projets communs», seul moyen selon lui, de «condamner le mieux l’erreur historique de la colonisation». «Ranimer les plaies, les souffrances et les deuils ne ferait que nourrir les rancœurs, de part et d’autre, sans pouvoir les dépasser», a-t-il insisté.
«Dans la tourmente économique de la mondialisation, nos intérêts sont si semblables : ni la France ni l’Algérie ne veulent être emportées par des courants qu’ils ne maîtrisent pas, par une globalisation sans règle qui les mine, par des défis climatiques qu’ils veulent relever», a encore affirmé l’ancien membre du gouvernement Ayrault qui s’est retiré de la vie politique en 2017. «Les ressources énergétiques de l’Algérie sont décisives», a-t-il fait remarquer, en expliquant que «la France peut soutenir l’investissement industriel, technologique, numérique, agricole que les Algériens veulent développer». «Nos entreprises voudraient travailler ensemble, nos universités ont déjà développé un réseau de coopération solide, dans le domaine du cinéma, de l’édition, de nouveaux talents émergent, faisant découvrir au public français la société algérienne d’aujourd’hui, les débats qui la traversent», a encore affirmé l’ancien homme politique converti aux affaires.
«Bâtir un avenir commun suppose de se parler ouvertement», a-t-il conclu, en assurant n’avoir pas de «leçon à donner» et n’avoir «jamais pratiqué l’ingérence».
H. A.
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