Guterres veut Boukadoum en Libye nonobstant les manœuvres de coulisses
Par Kamel M. – Pour pourvoir au poste laissé vacant par le Slovaque Jan Kubis, démissionnaire depuis novembre dernier, le secrétaire général des Nations unies a proposé en juin 2022 le nom de Sabri Boukadoum, ancien chef de la diplomatie algérienne, pour occuper le poste de représentant spécial et chef de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul). En dépit du brouhaha médiatique, les choses se présentaient pourtant bien pour Sabri Boukadoum. Les consultations d’usage auxquelles a procédé Antonio Guterres depuis lors ont montré que quatorze pays sur les quinze, à commencer par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, ont approuvé son choix. Mais certaines sources, qui n’ont pas identifié toutes les parties en question, signalent en outre que les Emirats arabes unis ont tout mis en œuvre pour bloquer l’ancien ministre algérien des Affaires étrangères.
Lors d’une réunion tenue lundi passé par le Conseil de sécurité, consacrée à la situation en Libye, certains pays comme le Ghana, l’Irlande ou la France ont une nouvelle fois réclamé que le poste, vacant depuis novembre, soit pourvu «dès que possible». Bien que Guterres ait fait part, lors de cette réunion, de son enthousiasme quant à l’engagement poussé sur le dossier libyen, selon Hassan Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen, dont le siège se trouve à Genève, il n’en demeure pas moins que, malgré l’objection d’une des parties quant à la proposition de Sabri Boukadoum, le secrétaire général de l’ONU est resté, après la réunion du Conseil de sécurité, fidèle à son candidat et à la nécessité de trouver une alternative à Stefanie Williams, dont le mandat expire dans quelques jours.
Les détracteurs du diplomate algérien tentent, comme ils l’ont fait pour Ramtane Lamamra, de le pousser à jeter l’éponge et à céder sous les coups de boutoir de pays qui refusent de voir l’Algérie jouer un rôle positif dans le bourbier libyen qui tend à cheminer vers un retour aux affrontements armés, tant aucune solution sérieuse n’est venue couronner les rencontres marathoniennes du Caire et de Genève. Les principaux points de discorde sont toujours pendants et tout porte à croire que la tenue d’élections n’aura lieu ni cette année ni l’année prochaine.
Des sources proches de l’ancien chef de la diplomatie expliquent que ce dernier se dit convaincu que n’ayant pas demandé ce poste vu que c’est le secrétaire général de l’ONU qui l’a proposé car voyant en lui la personnalité idoine pour accomplir cette mission délicate, il ne saurait être question de désistement ou de démission. Pur énarque, Sabri Boukadoum a occupé plusieurs hautes fonctions au ministère des Affaires étrangères, dont la Direction générale Amérique et celle du protocole. Il a été ambassadeur d’Algérie en Côte d’Ivoire (1996-2001), au Portugal (2005-2009). Avant sa nomination au poste de ministre des Affaires étrangères (2019-2021), il était le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies (2014- 2019).
K. M.
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