L’Espagnol Pedro Sanchez échoue à rallier l’Italien Mario Draghi à sa «cause»
De Rome, Mourad Rouighi – La tenue du Sommet de l’OTAN à Madrid a fourni au Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, l’occasion de relancer sa comptine de l’été, qui consiste à mettre en garde contre les risques multiples de la Méditerranée et tenter de rallier à lui d’autres acteurs de la région, précisément l’Italie. «Il est temps que l’Alliance reconnaisse les facteurs de risque en provenance de notre flanc sud dans une stratégie à 360 degrés», a-t-il, en effet, affirmé lors d’une déclaration conjointe avec le président américain, Joe Biden, à l’issue de leur rencontre au Palais de la Moncloa. «La faim, la sécheresse, le changement climatique peuvent tous devenir des causes contributives d’instabilité», a-t-il ajouté. Et de poursuivre : «Sans oublier le terrorisme djihadiste qui reste une menace concrète, quoique moins redoutée que par le passé.»
Dans les coulisses, a-t-on appris de sources proches du dossier, il a été beaucoup question d’approvisionnement énergétique et du «rôle pernicieux joué par certains pays de la rive sud». Bref, le leader socialiste a longuement évoqué, durant ce sommet, la rive méridionale, cette Méditerranée élargie, où l’Afrique du Nord, le Sahel, le Moyen-Orient et la Corne de l’Afrique devraient être au cœur de l’attention des stratèges de l’OTAN. Or, nous dit un journaliste italien, ce flanc sud, objet de toutes les sollicitudes aujourd’hui, à titre d’exemple, n’a pas été consulté avant la guerre de Libye et reste la région qui a le plus subi les conséquences d’une aventure aussi irréfléchie que dévastatrice, tant par la déferlante de terroristes venus des quatre coins de la planète «civiliser» ce pauvre pays, que par les millions de Subsahariens fuyant misère et missionnaires nouveaux, du genre Boko Haram, longuement et savamment couvés dans les banlieues d’Occident.
Face à ces risques, Pedro Sanchez, qui vient d’essuyer un revers au Congrès espagnol et est donc de plus ne plus isolé, devrait savoir qu’une certaine communauté internationale a depuis longtemps épuisé ses fiches, en continuant à interpréter le droit et ses résolutions à sa guise, avec grand mépris de la lutte des peuples et de leur droit à la liberté. De même que sa récente décision d’appuyer la logique du fait accompli au Sahara Occidental, en totale violation des engagements tout récents de son pays, le rend peu crédible lorsqu’il s’essaie au rôle de faiseur de paix et de stabilité.
D’ailleurs, la presse italienne, qui a appris à connaître ces dernières années les tenants et aboutissants des divers foyers de risque de cette «Méditerranée élargie», a préféré zapper. Exemple parmi tant d’autres, Il Fatto Quotidiano, proche du Mouvement des 5 Etoiles, est revenu hier sur les contradictions qui ont accompagné Pedro Sanchez durant ce sommet, en mettant en avant les échecs récurrents du passé récent et le besoin ressenti par les peuples des deux rives de la Méditerranée, celui d’une dynamique nouvelle, loin des deux poids et deux mesures et donnant finalement au droit international son statut de recours premier dans la résolution des conflits, loin, très loin de cette longue série de conflits pilotés, dont l’effet boomerang harcèle aujourd’hui les commanditaires d’hier.
M. R.
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