Migrants morts : le président de Melilla accuse le Maroc d’effacer les preuves
Par Nabil D. – Le président de Melilla accuse le régime de Rabat de chercher à effacer les preuves pour échapper aux poursuites, suite au drame qui a coûté la vie à plus de vingt migrants subsahariens qui ont tenté de pénétrer dans l’enclave espagnole. Dans un entretien à La Voz De Galicia, Eduardo de Castro a affirmé ne pas faire confiance au gouvernement marocain qui, a-t-il assuré, «essaie déjà de cacher ce qui s’est passé». «Sans autopsies, avec des enterrements précipités sans identification des défunts, le Maroc essaie d’effacer les preuves car, de cette façon, aucune accusation ne pourra être retenue», a-t-il dit.
Sollicité pour connaître son opinion sur le traitement judiciaire de l’affaire par la justice espagnole, le maire de Melilla a estimé qu’il est «difficile» que l’enquête aboutisse, en ajoutant qu’il «doute fort que le Maroc coopérera». «En Espagne, nous vivons dans un Etat de droit et il y a du respect pour la loi, mais j’insiste, le Maroc n’est pas une démocratie, le Maroc est une autocratie et cela fonctionne différemment», a-t-il asséné, en confessant avoir ressenti «beaucoup d’anxiété» face aux «images d’un véritable drame humain». «Mais ce sont des images qui, néanmoins, peuvent se répéter, parce que ça ne va pas s’arrêter», craint-il.
Commentant les déclarations du président du gouvernement espagnol, selon lesquelles l’incident aurait été «bien traité» par la gendarmerie marocaine, Eduardo de Castro a répondu que Pedro Sanchez est «esclave de ses mots». «Je pense que le président a fait l’éloge des agents marocains parce qu’ils n’avaient jamais coopéré de cette façon», a-t-il dit, en relevant, sceptique, qu’«on peut construire la clôture la plus haute du monde, mais les immigrés chercheront toujours le moyen d’entrer» en Espagne. Il en veut pour preuve le recours à du matériel de plus en plus sophistiqué pour briser les chaînes et les cadenas et forcer le grillage.
Pour le responsable politique espagnol, la «seule» solution pour mettre fin à ces vagues d’immigration consiste à «investir beaucoup de ressources dans la coopération au développement avec les pays d’origine». «La solution doit être multilatérale et, bien sûr, il faut impliquer l’Europe, car c’est aussi son problème», a-t-il poursuivi, en prédisant que «la situation ne s’améliorera pas» en dépit du déploiement des forces de sécurité espagnoles. «Ce n’est pas suffisant», a martelé le président de l’enclave espagnole qui avoue l’impuissance des services de sécurité face à la détermination de ces candidats à l’émigration clandestine, poussés par le désespoir et «absolument déterminés» à franchir la frontière.
L’Algérie a, pour rappel, appelé à des enquêtes indépendantes et transparentes pour déterminer les responsabilités dans cette tragédie qui a suscité une vague d’indignation.
N. D.
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