Absence de l’adjectif «anticolonialiste» ou le piège pernicieux de la France
Une contribution de Saadeddine Kouidri – L’adjectif anticolonialiste n’existe toujours pas dans le vocabulaire de l’histoire française. Toute l’histoire de la période de la résistance contre le colonialisme est ignorée ou anecdotique. La résistance durant des décennies et les guerres qui ont causé des millions de morts sont gommées pour faire la place à une décolonisation comme programmée par les esclavagistes ! Ne dit-on pas que c’est De Gaulle qui a donné l’indépendance à l’Algérie et à d’autres pays africains ? Il faut rappeler que la France n’a reconnu notre lutte de libération comme la «Guerre d’Algérie» par son Parlement qu’en se reprenant par deux fois en juin et en octobre 1999. Ce déni de longue durée relève d’une essence raciste qui est d’ignorer toute victoire de l’indigène, dans le but constant de le décourager dans son émancipation pour continuer indéfiniment à l’exploiter. L’indigène, comme tous les colonisés et tous les racialisés, n’arrive à évoluer qu’au prix d’un double effort, celui commun à tout être vivant et celui de faire face à cet ennemi qui ne cesse de le piéger.
Le premier théoricien de l’eugénisme est français et non allemand pour vous dire qu’avant Hitler le colonialisme de peuplement avait shoahisé d’innombrables tribus africaines, asiatiques, et tout le peuple amérindien, des siècles avant les juifs de la Seconde Guerre du monde occidental, sauf que, pour se distinguer, les leaders de ces derniers, les sionistes et les évangélistes, avaient nationalisé le nom génocide, en employant tout simplement le mot shoah qui signifie génocide dans leur langue pour faire croire qu’ils sont en réalité les seuls victimes de la guerre, avec le but d’être des intouchables pour l’éternité. Israël allait devenir synonyme d’intouchable si la Russie n’était pas venue au secours de l’Occident en Ukraine, à l’instar de l’URSS lors de la guerre 1939-45
Le processus est simple : inverser les rôles. Comment hériter le sort des ancêtres victimes de l’holocauste pour se maintenir en tant que victime malgré les crimes, au nom des martyrs ?
La France se plaint souvent du pouvoir algérien, et agit avec la tactique qui consiste à l’attaquer pour mieux se défendre. L’exemple que j’ai en tête est celui de qualifier l’Algérie d’un nouvel Etat, dixit Macron. Nous savons bien que le Président français n’est pas un ignorant à ce point. Cette attaque est pour nourrir les réseaux sociaux de fausses nouvelles pour la remise en cause de notre histoire. Auparavant, on a délégué un ambassadeur qui maîtrise notre arabe. Une maîtrise qui compense l’atout d’une ambassadrice…
Le plus néfaste est dans cette loi du 23 février 2005 qui n’a jamais été abrogée, comme le rappelle l’historien Olivier Le Cour Grandmaison qui précise que «la loi qui établit une interprétation officielle et apologétique de la colonisation française en Algérie et dans le reste de l’empire n’était pas l’épilogue d’une entreprise de réhabilitation de ce passé mais le prologue bien plutôt».
Dans ce cas, la France officielle ne peut que s’opposer, certes, sournoisement, à tout «tournant anticolonialiste», sauf qu’elle se sert d’historiens, de militants et d’intellectuels, pour jeter le doute sur sa stratégie impitoyable envers l’Afrique et particulièrement envers notre pays pour le recueillir comme une pomme mure.
Grâce à la conscience politique algérienne, et à celle de nos amis, le piège semble s’estomper et laisse entrevoir les dégâts causés dont celui de faire croire que les étasuniens seraient un partenaire fiable. Kennedy, contrairement à ce qu’on nous rabâche, avait gagné au change en étant du côté de notre Révolution en tant que sénateur dans le but d’être crédible comme candidat à la candidature présidentielle. Ne pas montrer cet intérêt réciproque dénature cette solidarité aux dépens de la Révolution, une Révolution qui n’a jamais été au niveau d’un individu, en sus étranger et futur maître de l’OTAN.
La manifestation sportive des pays de la Méditerranée à Oran, qui s’est tenue du 25 juin au 5 juillet 2022 et la célébration du soixantième anniversaire de notre indépendance par notre armée à Alger prouvent notre victoire sur le terrorisme islamiste, ce valet de l’impérialisme. Pour consolider cette victoire, il faut s’attaquer à la réaction et ce n’est pas par un appel à l’union pour l’union mais par un appel avec des objectifs clairs qui peuvent être entamés par la libération de la critique envers l’administration.
S. K.
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