Le 60e juillet après l’indépendance : toujours rappeler les crimes de la France
Une contribution de Youcef Benzatat – La mémoire vive des martyrs de la libération est un socle immuable dans la structuration de la conscience collective. Il y a des batailles dont la résonance est indéfinie, parce que la substance véhiculée par leurs mémoires est abondante et intarissable.
Au-delà des dénigrements sarcastiques dont elle fait l’objet de la part d’historiens d’occasion, soucieux clandestinement de la rigueur scientifique, ou ces mondains algérois, les «zigomars», comme il aime bien les rappeler à l’ordre le «complotiste» Ahmed Bensaada, passés maîtres du dénigrement et particulièrement de tout ce que fait le peuple avec la mémoire vive de ses martyrs et des principes qui les ont amenés à mener une bataille désespérée, les mains nues, contre une puissance militaire suréquipée et surorganisée, dont les intentions étaient de nous exterminer. «Exterminez-les tous !» ordonnaient les maréchaux et généraux dont les noms donnent vie aujourd’hui à leurs avenues, boulevards et places.
Nous devons impérativement commémorer activement et en permanence les crimes commis contre notre peuple au sein d’un musée consacré à ces seuls crimes barbares que constitue cette tentative avortée de notre extermination, depuis leur invasion jusqu’à leur départ. Pour que nul n’oublie le danger potentiel qui nous guette à tout instant. Il s’agit de notre survie en tant que nation souveraine.
Même si nous avons encore à lutter pour nous émanciper des chaînes du patriarcat encombrant, de l’imaginaire religieux et identitaire, aliénants, de l’autoritarisme politique, castrateur de l’élan libérateur du peuple en termes de recréation de soi, amputant la contemporanéité du monde de son être essentiel, la citoyenneté.
Parce que la mémoire collective autour du combat libérateur, en même temps d’être un combat refondateur de la continuité historique, se trouve conservée intimement par le peuple ; elle devient, dès lors, dangereuse pour la quiétude de la bienpensante algéroise et ses excroissances «zigomars» d’ici et d’ailleurs, qui lui préféreraient une mémoire moins compromettante, vidée de son côté obscure et tragique. Elle devient dangereuse parce qu’elle actualise la vigilance des martyrs dans la conscience collective dans un monde de plus en plus incertain, où il est contraignant de bien choisir la rive qui permettrait de «zigomater» à sa guise.
Y. B.
Comment (27)