Quand le Maroc décale la fête de l’Aïd pour célébrer l’«indépendance» d’Israël
Par Kamel M. – L’Aïd au Maroc, c’est ce dimanche. Hier, l’heure était à la célébration de l’«indépendance» d’Israël à l’ambassade de ce pays à Rabat. Mohammed VI a conduit la prière de la fête du sacrifice devant une poignée de membres de sa famille et de responsables politiques. Une prière diffusée par toutes les chaînes marocaines qui voient ainsi le souverain chérifien en chair et en os après une longue absence et de sérieuses interrogations de la rue marocaine sur des intrigues qui se dérouleraient au sein du palais. Certaines sources parlent carrément de guerre de succession entre le fils de Mohammed VI et son frère Rachid.
Ce samedi, qui correspond au shabbat, c’est le puissant et inamovible octogénaire conseiller du roi qui a représenté ce dernier à la cérémonie organisée par le chargé d’affaires à l’ambassade – les médias marocains appellent ça bureau de liaison – de l’entité sioniste dans la capitale marocaine. Ce dernier s’est félicité d’avoir «eu l’honneur d’organiser la 74e fête de l’indépendance de l’Etat d’Israël à Rabat» et d’avoir «reçu plusieurs personnalités éminentes au Maroc». David Govrin a surtout salué la présence du «conseiller du roi, M. André Azoulay» lors de cette rencontre qui «fut une cérémonie historique» à laquelle ont pris part également, a-t-on constaté, des représentants de pays du Golfe ayant normalisé avec le régime de Tel-Aviv.
Chose étrange, la fête de l’Aïd El-Adha n’est pas la seule à avoir été décalée par le régime de Rabat, puisque la célébration de ce que les Israéliens qualifient d’indépendance coïncide normalement avec le 14 mai de chaque année. Plus grave, cette date est considérée par les Palestiniens comme la «catastrophe» car elle signifie l’exil forcé des Palestiniens de 1948 au lendemain de la proclamation de l’Etat hébreu. Plus grave encore, les médias du Makhzen occultent l’occupation de territoires palestiniens par Israël et se contente de rappeler que ce dernier s’y est implanté suite à un plan de partage de la terre après la déclaration du Royaume-Uni de mettre fin à son mandat sur la Palestine.
D’aucuns s’interrogent comment le roi du Maroc peut encore se prévaloir du titre de président du Comité Al-Qods en dépit de son silence assourdissant face aux multiples atteintes par l’armée israélienne de ce lieu sacré et des crimes qu’elle ne cesse d’y commettre à l’encontre des populations palestiniennes spoliées et expulsées de leurs biens sans que Rabat n’ait jamais condamné ces graves abus. Avec la célébration de ce que le Makhzen appelle donc l’indépendance d’Israël, Mohammed VI et André Azoulay viennent d’enfoncer le dernier clou dans le cercueil de la cause palestinienne sacrifiée sur l’autel d’un rapprochement israélo-marocain qui enterre définitivement le projet mort-né du Grand Maghreb.
K. M.
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