Le Makhzen veut planter des avocats alors que la sécheresse frappe le pays
La pénurie d’eau au Maroc s’aggrave, faisant planer le spectre de «la soif» et de la sécheresse sur une dizaine de villes, alors que des experts en économie pointent la mauvaise gestion des autorités locales et la signature d’accords avec l’entité sioniste portant sur la culture de l’avocat au détriment de la sécurité hydrique du royaume, rapporte l’APS.
Selon les statistiques officielles, le taux de remplissage des barrages au 7 juillet courant ne dépasse pas 30,2% contre 46,5% à la même période de l’année dernière.
Intervenant devant les membres de la Chambre des conseillers dans le cadre de la séance des questions orales, le ministre marocain de l’Equipement et de l’Eau, Nizar Baraka, a admis que son pays traversait une véritable «crise hydrique», mettant l’accent sur les souffrances des citoyens et les fréquentes coupures d’eau dans un certain nombre de villes, en raison des problèmes posés par la sécheresse.
Le ministre marocain a souligné que «l’eau des barrages ne dépassait pas les 4 milliards de mètres cubes», relevant qu’il s’agissait d’une moyenne «faible qui nous oblige à tirer la sonnette d’alarme».
Le chercheur dans le secteur agricole au Maroc Mohamed Al-Hakish a averti, dans des déclarations à la presse, que «si les effets de la sécheresse ont affecté l’approvisionnement en eau dans les campagnes au cours des périodes précédentes, elle affecte désormais les villes et les centres urbains». Il a expliqué que cette situation poussait le gouvernement à réduire la quantité d’eau d’irrigation dans certaines régions agricoles proches des villes pour garantir l’eau potable, ce qui peut impacter négativement le rendement de certaines cultures.
Al-Hakish a souligné qu’en plus des faibles précipitations, de nombreuses régions ont épuisé les eaux souterraines au fil des ans, en particulier à la lumière de la tendance à adopter des cultures consommatrices d’eau pour l’exportation.
L’économiste marocain Younes Mouammar a abondé dans le même sens en assurant également que les quantités d’eau consacrées à la culture des produits agricoles destinées à l’exportation ont un coût énorme sur les besoins hydriques du pays.
Dans son intervention lors d’un récent forum à Casablanca, Younes Mouammar a indiqué que «l’industrie agricole tournée vers l’exportation nous coûte cher quand on prend conscience de la vraie valeur de l’eau et de sa rareté».
«Il est déraisonnable pour le pays d’aller vers l’exportation de l’avocat en sachant que ce fruit absorbe annuellement un volume d’eau équivalent aux besoins de 3 millions de Marocains», a-t-il fait observer.
L’une des plus grandes entreprises agricoles sionistes a annoncé l’année dernière un investissement de 80 millions de dirhams marocains (environ 9 millions de dollars), dans la culture de l’avocat au Maroc, sur une superficie de 455 hectares.
L’entreprise sioniste, à l’origine de ce projet, vise une production de 10 000 tonnes d’avocats chaque année.
Cet investissement s’inscrit dans le cadre des accords signés entre le Maroc et l’entité sioniste dans divers secteurs, et ce depuis la normalisation des relations entre les deux parties à la fin de l’année 2020.
R. I.
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