Qu’annonce l’ouverture de l’espace aérien saoudien aux avions israéliens ?
Par Abdelkader S. – L’Arabie Saoudite a annoncé, ce vendredi, l’ouverture de son espace aérien aux compagnies israéliennes, en se gardant d’en faire l’annonce de façon directe. Le régime de Riyad parle d’autorisation accordée à «toutes les compagnies», ce que les Etats-Unis se sont empressés de féliciter, en déclarant clairement que ce sont les aéronefs battant pavillon israélien ou immatriculés en Israël qui sont concernés par cette décision perçue comme un pas supplémentaire vers une normalisation déguisée avec l’entité sioniste.
Désormais, donc, les avions d’El Al survoleront les Lieux saints de l’islam, à la faveur d’un changement de cap discret opéré par le prince héritier, Mohammed Ben Salman qui, par ailleurs, a confié la conduite de la prière d’Arafat au très controversé Mohammed Al-Issa, connu pour être un fervent défenseur de la normalisation avec l’Etat hébreu et pour sa collusion avec le lobby sioniste.
Riyad a applaudi des deux mains la tendance au rapprochement avec Israël parrainé par l’ancien président des Etats-Unis, Donald Trump, et mené par son architecte, son conseiller et néanmoins gendre Jared Kushner qui a réussi à faire adhérer l’homme fort des Emirats arabes unis, Mohammed Ben Zayed, à la politique moyen-orientale de Washington, fondée sur la mise en place d’une alliance entre les pétromonarchies du Golfe et le régime de Tel-Aviv contre ce qui est qualifié de «menace chiite». Le président vaincu a élargi le plan au Maghreb où le Maroc joue le rôle de front avancé au profit d’Israël, enterrant ainsi définitivement tout espoir d’une instauration d’un Grand Maghreb uni.
L’Arabie Saoudite n’ira sans doute pas jusqu’à établir des relations diplomatiques avec l’entité sioniste, au regard des réactions violentes qu’une telle démarche pourrait provoquer dans une partie du monde musulman hostile à Israël. Mais par doses homéopathiques, Mohamed Ben Salman fait pencher son pays vers ce que les normalisateurs considèrent comme un rapprochement nécessaire avec une puissance militaire locale qui, espèrent-ils, leur permettra de s’épargner les foudres de l’Iran et son bras armé au Liban qu’est le Hezbollah. Cette vision craintive s’est soldée par l’invasion du Yémen voisin où une guerre sans merci fait souffrir des millions de Yéménites réduits à la famine sans que la communauté internationale s’en soucie.
La décision de Riyad conforte, constatent des observateurs avertis, la position du Makhzen qui se servira de cette autorisation de survol du territoire saoudien par les avions civils et militaires israéliens comme argument face à la colère qui gronde au Maroc où une majorité de Marocains dénoncent la soumission de Mohammed VI à un régime israélien raciste, coupable de graves atteintes aux droits de l’Homme contre les Palestiniens.
Certains voient dans l’annonce faite ce vendredi comme un prélude à une confrontation directe imminente entre Israël et l’Iran, d’autant plus qu’elle coïncide avec une escale de Joe Biden à Tel-Aviv, suivie d’un crochet chez les Al-Saoud.
A. S.
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