Voici pourquoi l’Algérie n’abritera pas l’Agence africaine du médicament
Par Nabil D. – Telles que les choses se présentaient à Lusaka, il était évident que l’Algérie n’allait pas obtenir le siège de l’Agence africaine du médicament, en dépit des atouts dont elle disposait et qui faisaient d’elle la candidate favorite au vote du Conseil exécutif de l’Union africaine, ce vendredi. «Il y a eu un fort lobbying contre la candidature de l’Algérie pour abriter le siège de l’Agence africaine du médicament», ont révélé à Algeriepatriotique des sources proches du dossier. «Les grands laboratoires pharmaceutiques américains et européens se donnent avec la nouvelle institution un instrument de maintien de leur contrôle du marché africain face à la Chine et à la Russie et à quelques producteurs africains, dont l’Algérie», ont expliqué nos sources.
«Le lobbying forcené face à la remontée de l’Algérie n’est pas étranger à la démonstration de force de cette dernière lors des festivités commémorant l’indépendance, ce 5 juillet, qui a montré un nouveau départ d’un pays reconquérant dessiné par l’imposant défilé militaire renouvelé quelques jours plus tard à l’occasion de cérémonie de sortie de promotion à la prestigieuse Ecole interarmes de Cherchell», notent nos sources.
L’Algérie, qui a obtenu plus de voix que la Tunisie, le Maroc, le Zimbabwe, l’Ouganda, la Tanzanie et l’Egypte, «a non seulement les attributs pour abriter le siège de l’Agence africaine du médicament, mais elle a les compétences et l’intelligence pour pouvoir gérer et construire une politique du médicament africaine avec l’ensemble des pays africains qui sont les partenaires de l’Agence du médicament africain», a affirmé l’expert pharmaceutique Mohamed Nibouche dans un entretien à El-Moudjahid. «L’Algérie a montré, depuis quelques années déjà, son intérêt à construire un tissu industriel pharmaceutique qui a été fait depuis trente ans jusqu’à aujourd’hui et qui démontre cette volonté d’investissements, mais aussi en termes d’engagement des autorités algériennes et de l’ensemble des opérateurs en pharmacie qui ont participé à la construction de ce tissu industriel, qui est aujourd’hui reconnu au niveau africain et même au niveau mondial pour ses compétences et la qualité de ses produits», a-t-il souligné.
«L’Algérie participe par le biais du ministère de l’Industrie pharmaceutique à la construction d’une Afrique qui est organisée, structurée et plus réglementée sur le plan pharmaceutique», a ajouté le spécialiste, pour lequel «il est important aujourd’hui que l’on construise et que l’on développe pour l’Afrique une agence du médicament qui puisse réglementer la pratique pharmaceutique industrielle autour du médicament, mais aussi de développer les compétences pour la gestion des médicaments en développant des projets pharmaceutiques». «A travers sa candidature pour abriter le siège de l’Agence africaine du médicament, l’Algérie tend la main à l’Afrique sur le plan scientifique, intellectuel et économique», a-t-il poursuivi.
Les Big Pharma ne l’entendaient pas de cette oreille. Un siège de l’agence à Alger aurait contrarié leurs plans mercantiles dans le continent car l’action du nouvel organisme aurait été orientée vers un affranchissement de l’Afrique de sa dépendance envers le complexe médico-pharmaceutique dont la pandémie du Covid-19 a montré qu’il n’agit pas dans l’intérêt des pays pauvres, mais de ceux du capital.
N. D.
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