Voici pourquoi la France n’interviendra pas au Liban

Macron Liban
Lors de la visite d'Emmanuel Macron au Liban en août 2020. D. R.

Une contribution d’Antoine Charpentier – Il semble que la France a admis le fait accompli au Liban à trois mois de la fin du mandat présidentiel du général Michel Aoun. La résilience française est la conséquence de plusieurs facteurs aussi importants les uns que les autres.

Le premier facteur est le sabotage par les Etats-Unis des initiatives prises par le président Emmanuel Macron suite à l’explosion du port de Beyrouth le 4 août 2020. Les Américains ne voyaient pas d’un bon œil le brin d’indépendance que prenait la France dans le dossier libanais.

Cette dernière venait au secours des Libanais en tant qu’amie de très longue date et avec laquelle elle partage un morceau de son histoire. Cependant, la France cherchait également par ce biais à revenir au Proche-Orient par la porte libanaise, quasi seul et unique pied à terre pour elle dans cette région du monde. Il convient de préciser que les Etats-Unis ont sorti par différents moyens leurs «partenaires» européens du Proche-Orient.

Le second obstacle auquel la France fait face au Liban est le système politique libanais basé sur un confessionalisme politique pathologique, une clientélisation maladive, une corruption intégrée et une répartition minutieuse des biens entre les confessions religieuses et les partis politiques. Les Français ont bien constaté comme nombreuses personnes intéressées par la question libanaise que le peuple libanais conditionné et formaté depuis des générations par ce confessionalisme politique a encore une fois élu les mêmes hommes politiques lors des dernières élections législatives.

Nombreux sont les Libanais qui ont comme ressenti que la France se détourne quelque peu du Liban. De ce fait, il convient de préciser que la France actuellement, à l’instar de l’ensemble des pays européens, revoit avec la guerre en Ukraine ses priorités. Les sanctions et les contre-sanctions entre Européens et Russes ont épuisé l’Europe et accentué la crise politique et économique. La guerre en Ukraine met actuellement l’Union européenne en très grande difficulté. Nombreux sont les observateurs européens affirmant que la guerre par procuration des Etats-Unis contre la Russie en Ukraine se fait essentiellement à travers les Européens. De surcroît, la guerre d’Ukraine est également celle des Etats-Unis contre l’Europe.

En prenant compte des raisons citées ci-dessus, nous comprenons que la France et avec elle l’Europe n’investira ni du temps ni de l’énergie politique au Liban, surtout à trois mois de la fin du mandat présidentiel du général Michel Aoun. Les temps actuels au Liban sont aux tractations présidentielles et aux préparatifs à l’après-Aoun. Si toutefois les Libanais parvenaient à élire un nouveau président de la République, ce dernier devrait être en prime abord compatible avec le projet global que les Occidentaux formatent actuellement dans la région, mais également avec les forces émergentes. Le prochain président de la République libanaise devrait prendre en compte différents intérêts qui n’auraient aucun lien de causalité directe avec les intérêts du Liban. C’est en dernier lieu que le prochain Président pourra s’intéresser à ce qu’il se passera réellement sur le terrain libanais.

En cas de non-élection, l’actuel président libanais confiera-t-il le pouvoir politique à l’armée, comme c’était le cas lors du vide constitutionnel à la fin du mandat présidentiel d’Amine Gemayel en septembre 1988 ? Il convient de préciser qu’à l’époque le pouvoir politique a été confié au chef de l’armée qui n’était autre que le général Michel Aoun. La piste d’une gestion collégiale entre les représentants des confessions libanaises est également évoquée. Mais qu’en est-il ? Les Libanais sont-ils prêts pour une telle formule ?

Enfin, il semble que sur le plan national et international l’ensemble des acteurs œuvrent dans le but d’éviter le vide constitutionnel qui pourrait avoir des graves conséquences sur le Liban. Ils expriment tous leur volonté de respecter les échéances électorales.

A voir en temps voulu, d’ici là, la France et l’Europe ont d’autres priorités que le Liban…

A. C.

Comment (6)

    Amin99
    26 juillet 2022 - 20 h 17 min

    L’auteur cite « … Si toutefois les Libanais parvenaient à élire un nouveau président de la République, ce dernier devrait être en prime abord compatible avec le projet global que les Occidentaux formatent actuellement dans la région … »

    De quel projet global les Occidentaux formatent-ils actuellement dans la région? Est-ce le projet sioniste qui consiste à vouloir neutraliser par tous les moyens les pays de la région et en particulier le Hizbollah, le parti de la résidence libanais?
    Sachez que ni les libanais ni même la rue Arabe ne soutiendra un tel projet, il ne faut pas rêver.
    D’autre part, compte tenu du bras de fer mondial actuel , il est clair que le monde est entrain de changer et que les Occidentaux doivent revoir leurs objectifs à la baisses.

    Amin99
    26 juillet 2022 - 0 h 32 min

    Les guerres successuves de ces 30 dernières années se sont faites sur le dos de l’Europe qui a fini par s’épuiser et sorti hors jeu.

    Historiquement, l’Europe et à leur tête la France avait cultivée une influence et des intérêts commerciaux au Proche et Moyen-Orient avec des pays comme L’Irak, l’Iran, la Syrie ou le Liban.

    Des partenariats avaient été réalisés dans des domaines divers comme l’énergie, l’automobile, les telecoms, la santé ..etc.

    A la suite de ces événements, beaucoup de contrats se sont arrêtés et des intérêts évaporés du jour au lendemain à cause de mauvais choix géopolitiques qui ont rendu l’Europe chaque jour un peu plus fragile et vassal vis à vis des États-Unis.

    Ainsi, des entreprises leaders dans leurs domaines comme Alcatel, Thomson, Altom ou Areva ont vu leurs activités diminuées ou arrêtées avec le temps.

    Aujourd’hui, l’Europe paie le prix de ses erreurs et semble n’avoir pas tiré de leçon des évènements passés puisqu’elle est à nouveau embarquée dans un nouveau conflit Ukrainien avec son lot de sanctions et contre sanctions qui la met en très grande difficulté et finira par lui exploser à la figure par des révoltes populaires à venir.

    Cet énième événement la met en confrontation directe avec la Russie et finira par l’achever si elle ne se réveille pas.

    Anonyme
    25 juillet 2022 - 16 h 46 min

    Ce qui intéresse la France, l’Europe et les USA au Liban, c’est avant tout … la sécurité et l’existence d’Israel. Dieu merci, le Hezbollah fait bonne garde et empêchera toute action contre les Libanais. Merci aux Chiites pour tout ce qu’ils font contre l’Empire atlanto-sioniste !

    Anonym3
    25 juillet 2022 - 15 h 26 min

    Ce petit pays qui autre fois été syrien qu’on appelle aujourd’hui le Liban dirigé par un président François,un premier ministre ibn a saoudi et un chef de parlement ayatoiran est déjà divisé en 3 peuples et 3 religions.Aucune personne ou pays peut les aider. pour ce qui est de la France qui dans quelques années serait classé la dernière de la classe après le Brésil et peut être l’Afrique du Sud a perdu son influence et surtout le respect depuis que lès 3 derniers présidents stooges qui ont dirigé cette France vielle et malade que même les tchadiens ne veulent plus coucher avec elle.Le Liban ne possède aucune richesse naturelle et son pilier qui était la Syrie l’ont détruite avec l’aide d’enosra et le djeich El hoR,comme la Libye avec les touwars.Aujourdhui ce qui intéresse lès frenchis et pas mal d’autres pays c’est l’Afrique qui hier à leurs yeux était une jungle dirigé par dès dictateurs et difficile à investir, Aujourd’hui cette jungle est devenu un très beau jardin.les frenchis savent maintenant que le Monde est entrain de changer et ne peuvent rien faire,ils ont devant eux dès adversaires solides et bien musclés.

    Mostfa
    24 juillet 2022 - 18 h 04 min

    « Si tu veux donner la royauté à l’hyène, permets à ceux qui la connaissent de s’éloigner d’elle. »
    ————————
    La France n’est pas perdu, il a ses mrrrarca.
    Et, VIVE LE LIBAN LIBRE

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