Un physicien espagnol prône l’invasion de l’Algérie pour s’approprier son gaz
Par Kamel M. – Quand un académicien, qui plus est membre d’un prestigieux centre de recherche, tient de tels propos, c’est que même la science périclite en ces temps de grandes incertitudes qui caractérisent le monde. Dans un entretien au média espagnol Diario De Leon, le physicien Antonio Turiel a franchi les limites de la bienséance dans ses préconisations belliqueuses. Le chercheur voit carrément la nécessité d’envahir l’Algérie pour faire main basse sur son gaz, tout en justifiant cette agression par l’instauration de la démocratie dans le pays.
En effet, à la question «ce que vous dites, c’est que l’augmentation des dépenses de défense [par l’Espagne, ndlr] est destinée à envahir l’Afrique du Nord pour garder ses ressources ?», Antonio Turiel répond qu’en 2016 déjà, soit six ans avant la crise actuelle, il a écrit un article sur son blog intitulé Three Questions [trois questions]. «L’une d’elles, explique-t-il, était que si nous allions envahir l’Algérie au cas où nous aurions besoin de gaz, ce serait une bonne idée de dire que nous allons leur apporter la démocratie.» «Nous avons déjà fait beaucoup de choses dans ce sens. Un exemple en est la guerre au Mali, qui n’était pas dirigée contre ce pays mais contre le Niger, et les troupes françaises se sont retirées de là pour se concentrer exclusivement sur le Niger, à cause des mines. Comme d’autres pays ont des problèmes, à l’instar de l’Algérie ou du Nigeria, nous allons sans doute nous impliquer», a-t-il surenchéri.
Le média espagnol se dit lui-même ébouriffé par une telle posture de ce physicien «qui ne s’embarrasse pas d’euphémismes dans un discours auquel presque aucun d’entre nous n’est préparé». «Il prévient que notre mode de vie est sur le point de disparaître et voit avec scepticisme comment la société préfère continuer à tourner le dos à la réalité», s’étonne la journaliste qui a conduit l’interview, qui rappelle que, selon lui, «il y a quatre possibilités : l’écofascisme, le néoféodalisme, l’effondrement ou vivre avec 90% de moins que ce que nous avons».
«Scientifique extraverti et fantaisiste, adepte nostalgique de la politique de la canonnière, ou trahit-il les arrière-pensées bellicistes de certains cercles en Espagne, voire euro-atlantiques ?» s’interroge un ambassadeur algérien à la retraite sollicité par Algeriepatriotique pour donner son avis sur cette sortie fantasque. «La question est posée et les propos de ce cassandre des temps modernes ne peuvent laisser indifférents», souligne notre source, qui assure que «n’importe comment, forte de la robustesse de ses institutions républicaines et du ciment patriotique de son front intérieur, l’Algérie saura faire face à toutes les situations, même les plus invraisemblables».
Le Conseil supérieur de la recherche scientifique, ou Consejo Superior de Investigaciones Científicas (CISC) n’est pas n’importe quelle institution. Il est le principal organisme public de recherche en Espagne. Rattaché au ministère de l’Education et de la Science, le CSIC a un caractère multidisciplinaire et réalise des recherches dans tous les domaines de la science grâce à plus d’une centaine de centres répartis dans toute l’Espagne. Aussi la question se pose-t-elle de savoir à quel point les extravagances de ce physicien qui en est membre engage le gouvernement espagnol.
K. M.
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