Effondrement de la production céréalière : le Makhzen face à une crise alimentaire sans précédent
Le Maroc sera confronté à une grave crise alimentaire dans les prochains mois, en raison d’une récolte céréalière jugée catastrophique et des difficultés d’approvisionnement sur le marché international, rapporte l’APS selon des médias locaux, alors que la FAO assure que les besoins d’importations du royaume devront encore augmenter pour 2022-2023.
S’appuyant sur les chiffres communiqués la veille par le ministère marocain de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts sur la récolte céréalière de cette année, plusieurs titres de la presse locale n’ont pas pu dissimuler leur «profonde inquiétude» face à cette situation, en évoquant en parallèle la baisse conséquente des stocks (moins de 4 mois) et des conditions d’approvisionnement «encore très aléatoires» de ces denrées alimentaires sur le marché international.
Le Maroc n’a pu produire que 34 millions de quintaux de céréales en 2022, soit une baisse de l’ordre de 67% par rapport à l’année précédente qui avait vu une production de 103,2 quintaux, ont-ils mentionné.
Ces données corroborent avec celles communiquées par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), prévoyant dans un rapport récent que la production céréalière du Maroc en 2022 devrait s’établir à 3,3 millions de tonnes en moyenne, en baisse de 68,4% par rapport à 2021. La production céréalière globale du Maroc a chuté en dessous de la moyenne quinquennale de 7,9%, selon la FAO.
Cette chute conséquente de la production locale survient au moment où le pays exprime des besoins importants en matière de céréales, et ce, pour faire face à la crise alimentaire qui frappe gravement le Royaume. Le Maroc importe annuellement 3 à 4 millions de tonnes de blé tendre en moyenne, et plus de 900 000 tonnes de blé dur.
La FAO a estimé que les importations céréalières du Maroc devront augmenter à 10,4 millions de tonnes pour 2022-2023, soit 35% de plus qu’en 2021-2022, précisant que le blé constituera environ 60% des importations de céréales.
Cet effondrement de la production céréalière marocaine vient accentuer la pression sur le Makhzen, dont le gouvernement se trouve dans l’incapacité de répondre aux besoins alimentaires de la population et trouver des solutions idoines aux problèmes soulevés par les organisations syndicales et la société civile du pays.
La presse locale est d’ailleurs montée au créneau pour relever la complexité de la situation à laquelle devra faire face le Makhzen dans les prochains mois.
«Avec une chute aussi inquiétante de la récolte (-69% par rapport à 2021), il est certain que le Maroc n’aura d’autre choix que d’aller compenser les pertes sur le marché international», alors que le marché est perturbé par les conséquences de la crise en Ukraine, un pays qui livrait au royaume 26% de ses besoins avant la crise, lit-on sur le site électronique d’un média marocain.
«Dans cette année de disette, accentuée par le conflit ukrainien, nous sommes en position légitime de nous interroger sur la sécurité alimentaire du pays, compte tenu d’une denrée précieuse pour le Marocain qu’est le blé (dans toutes ses formes)», a écrit de son côté un autre média spécialisé, tout en relevant que les cours de cette matière première ne cessent d’augmenter et qu’ils ne sont pas à la portée du royaume, appelé aussi à débourser des sommes importantes pour combler, entre autres, ses besoins énergétiques.
Sur ce plan, l’équation est difficile à résoudre avec l’encours de la dette extérieure qui continue à augmenter, se situant à 388,1 milliards de dirhams selon les chiffres du Trésor marocain (environ 38 milliards de dollars).
R. I.
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