Guerre de territoire entre Algériens et Egyptiens dans une France à la dérive
Par Nabil D. – Ceux qui sont habitués à séjourner en France auront remarqué l’emprise de la communauté égyptienne de plus en plus nombreuse sur les marchés parisiens et d’autres secteurs d’activité, bousculant ainsi petit à petit les Algériens dont les nouvelles générations répugnent à prendre la relève des premières une fois celles-ci à la retraite. Les Egyptiens, plutôt portés sur l’émigration en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis, pays anglophones, et dans les monarchies du Golfe, ont trouvé ce nouveau filon depuis un certain nombre d’années. Bosseurs, organisés et solidaires, ils sont en train de s’installer durablement dans leur nouvelle terre d’asile où les autorités françaises ne les achalent pas.
Mais cette «conquête» semble être mal vue par les Algériens qui, pour des raisons historiques évidentes, constituent la première communauté étrangère musulmane en France et dont le nombre ne cesse d’augmenter malgré la réduction drastique du nombre de visas accordés par les services consulaires français. Une réduction qui, d’ailleurs, ne date pas de la récente décision que les autorités françaises ont prise en guise de représailles, suite, argue-t-on à Paris, au refus par l’Algérie d’établir le document permettant l’expulsion des sans-papiers. Le nombre d’Algériens vivant en situation irrégulière en France explose en même temps que les traversées maritimes clandestines vers les villes côtières sud de l’Espagne se banalisent. Une bonne partie des Algériens qui foulent la rive nord de la Méditerranée poursuivent leur périple jusqu’en France, en franchissant les poreuses frontières terrestres où des passeurs se chargent de leur assurer l’entrée sur le territoire français par des chemins et des routes non surveillés.
Il faut dire que le souvenir du match de football qualificatif pour la Coupe du monde de 2010 entre les Verts et les Pharaons reste vivace, et les tensions entre les Egyptiens et les Algériens qui sont sortis vainqueurs de cette «guerre de 14-18» comme on l’a appelée ironiquement – les deux chocs ont eu lieu les 14 et 18 novembre – demeurent sous-jacentes.
On ne connaît pas le motif des affrontements qui se sont déroulés à Saint-Denis, la banlieue nord de Paris, et qui ont mis aux prises une cinquantaine de belligérants armés de gourdins et de barres cloutées. Mais quels qu’ils soient – guerre de territoire, simples rivalités chauvines entre deux communautés ou banale altercation qui a dégénéré –, ils sont symptomatiques de frictions dont l’ampleur ira crescendo dans le contexte du climat d’insécurité qui règne actuellement en France, aggravé par les tiraillements entre le ministère de l’Intérieur et sa police qui peine à faire régner la loi, d’un côté, et les magistrats dont les verdicts sont considérés comme laxistes et permissifs. Une situation inédite qui encourage la criminalité, exacerbe la violence et reflète l’image d’une France à la dérive.
N. D.
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