Le pied-noir Jacques Villard nous écrit : «Développons l’amour fraternel !»
Jacques Villard, natif d’Algérie, président de la Fédération des deux rives, nous a adressé un message en réaction à la contribution de Kadour Naïmi, intitulée «A propos d’Algériens et de pieds-noirs». Nous le publions in extenso. Il exprime sa volonté de «construire ensemble un avenir à nos descendances réciproques».
«Je suis, pour quelques mois encore, le chef de l’Etat pied-noir, président de la Fédération des deux rives, fils d’un père assassiné.
Vous ne l’ignorez pas, je lis, tous les jours, la presse algérienne et, en particulier, votre média.
Votre dernière publication comporte une photographie ancienne des membres de notre gouvernement de l’époque.
Cette expression date du 15 août 2022, à 7h43, sous la plume de votre excellent rédacteur M. Kadour Naïmi.
Je comprends parfaitement ce que vous écrivez et vous en avez le droit, par le sang versé.
La guerre intervenue entre la France et vos forces de libération a laissé des traces terribles dans les corps, dans les cœurs et dans les âmes.
Né à Bab El-Oued le 7 janvier 1946, j’aime mon quartier, ma ville, mon pays d’Algérie et mes frères algériens, de toutes ethnies et de toutes confessions.
Mes parents, comme bien d’autres petits pieds-noirs, ne possédaient rien, si ce n’est, comme vous, le ciel, le soleil et la mer.
Tous les miens ont disparu soit au pays natal, soit aux pays d’accueil.
Il ne me reste que des tombes à entretenir d’un côté comme de l’autre.
Nous n’avons rien colonisé. Comme vous, notre seule richesse était la pauvreté.
Oui, on peut cultiver et entretenir la haine entre les deux communautés.
Il me semble que, pour nos descendances réciproques, nous devons développer l’amour fraternel et leur construire, ensemble, un avenir.
Il n’est pas question pour notre Etat de réclamer quoi que ce soit, ni à l’Algérie ni à la France.
Nous travaillons durement chaque jour pour des centaines d’entre nous.
Avec nos économies collectives (la tontine), nous venons d’acquérir un immeuble rural qui abrite nos travaux et nos réunions.
Nous cherchons un domaine en Europe qui devrait abriter le siège social de notre gouvernement et le territoire de notre peuple, au même titre que la Principauté de Monaco.
Pacifiques et neutres, nous rejetons toutes les idéologies qui ne servent qu’à opposer les frères entre eux.
Fin août, vous allez recevoir le président de la République française à Alger.
Je souhaite que l’entente cordiale qui règne entre les deux présidents des Républiques concernées préside à une réconciliation globale.
Pour ma part, je suis prêt à venir rendre visite fraternellement aux autorités de votre pays, à Alger.
Je vous prie de croire à l’expression de ma très haute considération.
Jacques Villard
Chef de l’Etat pied-noir
Président de la Fédération des deux rives»
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