«Qu’attend l’Algérie de Macron ?» : ces médias français imbus et paternalistes
Par Abdelkader S. – «En Algérie, il n’y a pas de travail, pas d’avenir.» Sentence d’un Algérien lambda au micro d’une chaîne d’information française, concomitamment à la visite d’Emmanuel Macron en Algérie. Voilà donc le fond de la pensée des médias français qui inversent les rôles et peinent à se départir de leur paternalisme coutumier. Le locataire de l’Elysée aurait atterri à l’aéroport international Houari-Boumediene en «homme providence» venu sauver une Algérie naufragée. Les commentaires des médias français abondent tous dans le même sens, celui d’un président français flanqué d’une armée de quatre-vingt-dix accompagnateurs de divers secteurs dont l’offensive vise à «venir en aide» au pays hôte.
«Macron voudra certainement colmater les brèches causées par le retournement total du Mali, le sentiment antifrançais qui se répand dans la région et l’influence grandissante de la Russie et de la Chine. Il cherchera à consolider les livraisons de gaz et de pétrole après les sanctions désastreuses prises contre la Russie et qui se retournent contre les Européens. Il se fera le porte-parole de l’OTAN, qui craint de voir l’Algérie rejoindre les BRICS. Il vient donc en demandeur et devra donner des gages qui iront dans l’intérêt de l’Algérie. Cela n’est pas dans sa nature, mais il devra faire preuve d’humilité», corrige l’écrivain franco-marocain Jacob Cohen dans l’interview qu’il a accordée à Algeriepatriotique (lire par ailleurs).
«Les Algériens n’attendent rien de Macron», réagissent des sources proches du dossier qui rappellent que «les changements qui s’opèrent dans le monde depuis le lancement de l’opération militaire spéciale russe en Ukraine montrent que les rapports de force sont en train de tourner en défaveur de ce qui était considéré jusqu’à récemment encore comme les puissances économiques et militaires mondiales». «Lorsque les autorités françaises ont décidé de punir les Algériens demandeurs de visas pour forcer le gouvernement algérien à accepter d’accueillir des sans-papiers dont il n’est pas toujours certain qu’ils soient de nationalité algérienne, les demandeurs déboutés n’en sont pas morts», ironisent nos sources qui font remarquer que cette «mesure de rétorsion boiteuse va finalement se retourner contre la France qui verra les cerveaux algériens lui préférer d’autres destinations autrement plus attractives, comme le Canada, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, les pays du Golfe, la Turquie, etc.».
«Quant aux jeunes qui croient encore au rêve européen, ils ont depuis longtemps trouvé un autre moyen de se rendre sur la rive nord de la Méditerranée, celui de l’émigration clandestine. Ces jeunes ont compris depuis longtemps que risquer leur vie est quelque part moins intolérable que l’humiliation du refus de visa dont la justification est souvent humiliante», déplorent nos sources, selon lesquelles «les années à venir verront un flux inverse au regard des graves difficultés économiques qui pointent à l’horizon en Occident». «Les Algériens établis en France et ailleurs en Europe subissent de plein fouet les contrecoups de la crise protéiforme qui étrangle jusque les classes moyennes dont le pouvoir d’achat s’érode également», notent nos sources qui expliquent que «ce renversement de situation qui n’en est qu’à ses débuts tord le cou au mythe d’une France à l’abri du besoin, un mythe que le président français lui-même vient de briser en affirmant que le temps de l’abondance et de l’insouciance était révolu».
La France a soif, suffoque, grelotera dès cet hiver sans gaz russe et aura sans doute même bientôt faim. Les queues de plus en plus longues devant les restos du cœur et autres associations caritatives en sont le signe avant-coureur. Les médias français ont beau essayer de cacher cette vérité, elle s’affiche par d’autres canaux.
A. S.
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